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Critique

« Les Résistantes », film choral d'une journée recomposée

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L’édition 2019 du 8 mars, décrétée depuis plusieurs décennies comme Journée internationale des droits des femmes, a donné une nouvelle tonalité à cette célébration, sous l’impulsion d’une initiative inédite.

À l’appel du Collecti.e.f. 8 maars, partout en Belgique, des milliers de femmes se sont mises en grève. En arrêtant de travailler, prendre soin des autres, consommer et étudier, elles se sont rendues visibles par leur « absence ». Une action pluridimensionnelle visant à dénoncer les inégalités toujours persistantes, les discriminations et les violences dont elles souffrent de par le seul fait d’être femmes (incluant toute personne s’identifiant et/ou étant identifiée comme femme), et montrer aussi que, lorsqu’elles s’arrêtent, c’est le monde qui s’arrête.

Le film se concentre sur quelques actions qui ont eu lieu à Bruxelles, ce jour-là, du matin jusqu’au défilé, dans l’après-midi.


Ici, autour d’un piquet de grève installé devant un supermarché, des travailleuses du Delhaize racontent leurs conditions de travail souvent méconnues (maux de dos, des cervicales, des poignets…) et la discrimination à l’embauche (auparavant, les temps pleins étaient accordés aux hommes, les temps partiels aux femmes) ou leur carrière durant (« gagner » un temps plein n’est pas aisé).

Là, des militantes iraniennes, venues protester devant l’ambassade des États-Unis, dénoncent à la fois les mesures d’embargo visant leur pays et la condition des femmes en Iran.

En divers points de la ville, des « Stibiennes » exhortent leurs collègues – femmes et hommes au travail, dans les bus et les trams – à les soutenir dans leur mouvement, énoncent leurs revendications et disent leurs conditions de travail, leur quotidien fait de remarques déplacées ou de vexations, lorsque ce n’est pas plus grave…

Ailleurs, on rebaptise des stations de métro du nom de militantes féministes, pionnières et contemporaines (lorsqu’il ne s’agit pas des deux à la fois, tant la lutte n’en est qu’à ses balbutiements en certains points du globe) : Johanna Carolina Elberskirchen, Malala Yousafzai, Lucie Dejardin, Huda Sharawi, Bessie Coleman, Louise Weiss, etc.

Tout près de la gare Centrale, le lieu de rassemblement de cette manifestation à la fois festive et revendicative, un espace, presque intimiste, est dédié à l’écoute. Parmi leurs consœurs, quelques femmes, avec ou sans papiers, pour la plupart réfugiées, toutes instrumentalisées, témoignent de leurs douloureux parcours de vie : brutalité des hommes, mariages forcés, excisions, incestes, viols à répétition… La parole se libère, comme elle le peut, lorsque la gorge ne se noue pas.

Toutes ces femmes dont on ne connaît pas les noms, dont on ne connaît pas les histoires… mais qui veulent être entendues… et dont le message, s’il ne fallait en retenir qu’un, rejoint celui des autres héroïnes du film : toutes veulent être « visibles ».

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Aux alentours, on renomme les rues… Ici aussi, ce sont des noms de militantes féministes du monde entier qui apparaissent, disparues ou vivantes.

Le film a été tourné sur le vif mais n’a pas été improvisé pour autant. Il ne s’agit pas non plus d’un reportage avec quelques journalistes qui « débarquent » à chaud sur les lieux de l’événement. C’est en amont, quelques mois auparavant, que l’équipe de Zin TV s’est intéressée à la campagne de sensibilisation de cette grève féministe, en participant à des assemblées, à des rencontres, et en réalisant des interviews. Une manière d’entrer en confiance et de garantir la transmission d’une parole, sans la déformer. La caméra se veut inclusive, au plus près des collectifs, des mouvements sociaux et des gens qu’elle filme.

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La démarche collective et participative fait partie de l’ADN de Zin TV, dont le projet est double : celui d’un média en ligne (facilement accessible) et celui d’une pédagogie de l’audiovisuel à travers des ateliers de formation.

C’est précisément grâce à la mobilisation bénévole d’une petite dizaine de personnes – dont la plupart ont suivi les formations vidéo au sein de Zin TV – que ce film a pu exister, témoigner d'échanges et d'actions en toute confiance, et rendre compte de l’effervescence de cette journée inédite dans ses multiples dimensions.

Noter que le film a remporté deux prix à Coupe Circuit (édition 2020), le festival en ligne des réalités sociales, organisé par le GSARA : le Prix de l’engagement par le jury citoyen et le Prix du regard par le jury professionnel.

Le film est en accès libre ici.

Le 11/3/2021, l'asbl Corps écrits organise un ciné-débat en ligne autour du film : deux ans et une crise sanitaire plus tard, où en sommes-nous ? Infos

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