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Soixante ans d’immigration marocaine et turque en Belgique

ÖZDEMIR - Les Lunes rousses _bannière
En février puis en juillet 1964, la Belgique signait des accords bilatéraux d’échange de main-d’œuvre d’abord avec le Maroc et ensuite avec la Turquie. Une sélection de quelques films (de fiction et documentaires) mais aussi de disques témoignant à différents moments de leur histoire individuelle ou collective des manières dont ces immigrés, leurs enfants et petits-enfants ont vécu, cherché – et souvent trouvé – leurs marques ici ; mais sans jamais vraiment oublier leur autre « chez eux ».

Sommaire

IMMIGRATION MAROCAINE

Rajae Essefiani et Frédéric Fichefet : Carnet de notes à deux voix (2001)

Un documentaire de révolte né de l'écœurement de Rajae Essefiani lorsque, en septembre 1999, elle entend le Ministre de la justice Marc Verwilghen se demander s'il existe une corrélation entre criminalité et origine ethnique. Mais le film n'oublie pas d'être intelligent, nuancé, complexe... Fragile et sensible, aussi. Plutôt, qu'une œuvre monolithique et léchée, il s'agit ici d'un « carnet de notes » qui fait coexister des matières très différentes : rencontres et moments d'écoute, images télévisées, archives sportives, respirations poétiques, mini-séquences de fiction... Comme une métaphore de la société réellement tolérante dont on se prend à rêver, ces images coexistent dans leurs différences. (PD)


Loredana Bianconi : La Vie autrement (2005)

On retrouve dans ce documentaire tourné par Loredana Bianconi lors du quarantième anniversaire de l’émigration marocaine en Belgique deux fils rouges de son cinéma : l’importance de la question de l’exil (ses premiers films abordaient l’immigration italienne en Belgique) et sa croyance dans la force d’un cinéma de la parole et du témoignage. Quatre femmes belges d’origine maghrébine d’une quarantaine d’années – Amina, Farida, Hayat et Madiha – racontent de manière très touchante leurs choix de métiers artistiques et créatifs (chanteuse lyrique, comédienne de théâtre, etc.) et la position dans laquelle cela les mettait par rapport à leurs familles, leur culture d’origine… (PD)


Marc Didden : Brussels by Night (1983) + Cheb (2001)

Encore aujourd’hui, des décennies après que leurs grands-parents ou parents sont venus travailler en Belgique, les actrices et acteurs d’origine immigrée déplorent le peu de rôles et le peu de beaux rôles qu’on leur propose dans le cinéma d’ici. En 1983, Marc Didden filme à petit budget, en peu de prises, sur de la pellicule récupérée, un film d’errance dans lequel un personnage central désabusé et volontiers désagréable, une serveuse de bar et un chauffeur de tram marocain évoluent dans le Bruxelles de la nuit… Le personnage d’Abdel (Amid Chakir) est tout sauf anecdotique, sa présence agit comme un révélateur. Avant sa fin tragique, sa relation avec les personnages belges qu’il croise oscille entre amitié, attachement, solitude, condescendance, racisme assumé ou mal camouflé… Vingt ans plus tard, dans Cheb, Didden offrira à Chakir un nouveau rôle plus ouvert vers le happy end. (PD)


Nabil Ben Yadir : Les Barons (2008)

Les Barons est en avant tout un film d’émancipation et de sortie de l’adolescence. Nabil Ben Yadir joue d’une dérision toute belge et, au travers des parcours de Mounir, Hassan et Aziz, les champions ad vitam de la glandouille « noble », tire un portrait contrasté mais tendre de la communauté marocaine de Bruxelles. Des jeunes, coincés dans leur quartier (Molenbeek), entre petites combines et emplois sans intérêt (chauffeur à la STIB), et qui abandonnent leurs rêves de gamins pour, au final, embrasser la même vie que celles de leurs parents (et épouser la fille du quartier). Et puis il y a Malika, la sœur de Mounir, qui présente le JT (coucou Hadja Lahbib !), et qui a pris de la distance avec son frère et assume seule ses choix de vie. (YH)


Jola. Hidden Gnawa Music in Brussels (2019)

Au fil des années, et des courants d’immigration, Bruxelles est devenue la capitale européenne des Gnawas, une confrérie soufie marocaine aux origines africaines. Jeunes musiciens et maîtres âgés se retrouvent sur ce disque pour interpréter les morceaux importants du rituel lila, accompagné de chants traditionnels, de danse et de musique jouée au luth guembri, aux crotales qraqib et aux tambours tbal. C’est un projet mené par Hélène Sechehaye dans le cadre de son doctorat ; il lève le voile sur une musique bien vivante qui perpétue un héritage ancestral dans une société d’adoption très différente. (ASDS)


IMMIGRATION TURQUE

Marie-Hélène Massin : Rue de l’Abondance (1995)

En 1995, le quartier de Marie-Hélène Massin est majoritairement constitué d'une communauté turque, arrivée en Belgique à partir des années 1960. La cinéaste et sa famille sont alors les derniers « anciens Belges » de ce territoire du nord de Bruxelles. Un constat qui sera à l'origine de ce court métrage documentaire. Par ce dernier, la réalisatrice s'invite dans cet entre-soi culturel, ce village dans la ville. A travers les témoignages d'un groupe de jeunes adultes, comme un pont tendu entre l'Orient et l'Occident, semble s'esquisser une chance d'intégration, par l'acceptation réciproque de la culture d'autrui. (SD)


Kadir Balci : Turquaze (2010)

Kadir Balci adapte une trame connue (Roméo et Juliette, West Side Story, Pierre et Djemilla, Kassablanka, etc.) aux communautés turque et flamande de Gand. Entre Küçükkoy (quartier d’Istanbul) et le Rabot (quartier de Gand), il raconte l’histoire d’amour entre Timur, un jeune gardien de musée (incarné par son frère Burak Balci) et Sarah, jeune employée d’une agence de voyage (Charlotte Vandermeersch). Le film évite les ornières du « feel good movie » pour se focaliser sur un moment particulier de l’histoire de Timur et Sarah (le début de leur relation est laissé hors du film) où le pacte trouble entre l’indicible, le secret et l’hypocrisie se heurte à la nécessité d’une forme de « coming out » … (PD)


Karine Birgé : Zeki (2014)

Karine Birgé vient (géographiquement) de Lorraine et (artistiquement) du théâtre quand elle rencontre Zeki lors du tournage d’un film d’atelier au Petit-Château à Bruxelles en 2003. Zeki lui vient d’une région kurde de Turquie. Il ne fait pas partie des premières vagues historiques d’immigrés turcs invités dans notre pays il y a soixante ans. Il est d’une autre génération, est arrivé ici dans un autre contexte, par d’autres chemins… Karine Birgé garde le contact avec lui, entre autre au moment d’une grève de la faim de demandeurs d’asile, et monte une pièce de théâtre avec lui. Le portrait cinématographique d’une demi-heure qu’elle réalise en 2004 combine des scènes de cinéma du réel et d’autres plus théâtrales ou Zeki rejoue à distance des moments et des lieux-clés de son parcours… (PD)


Thierry Michel et Pascal Colson : Enfants du Hasard (2017)

À une dizaine de kilomètres de Liège, Cheratte jouxte une ancienne mine à charbon qui porte le nom de Hasard. Longtemps après la fermeture des charbonnages, les familles de mineurs, d’origine turque pour la plupart, majoritairement musulmans, s’y trouvent retranchés. En filmant une année dans le parcours scolaire de leurs petits-enfants, le cinéaste montre la complexité d’une situation de dépaysement extrême. En tant que lieu de dialogue du présent avec le passé, d’une société laïque avec les coutumes d’une religion ancestrale, et d’une génération avec une autre, la classe offre un excellent cadre de discussion, modèle qui ne demande qu’à être exporté vers d’autres structures sociales. (CDP)


Mustafa Avsar : Bu sehir – Deze stad (2011)

Né en Turquie, Mustafa Avsar est arrivé très jeune avec sa famille à Gand, ville qu'il a rapidement adoptée. C'est là qu'il a eu l'occasion de développer son talent pour la musique et la poésie. Depuis quelques années, il interprète des traditionnels turcs mais aussi des textes d'auteurs flamands, mélangeant les styles et les influences, de l'Anatolie à la Belgique. Sa musique est dans un entre-deux, elle tend vers l'ailleurs mais semble pourtant très proche, très familière. Cela se sent tout particulièrement dans son album Bu şehir – Deze stad qui est une ode à sa ville d'adoption. (ASDS)


Tülin Özdemir: Les Lunes rousses (2019)

Tülin Özdemir est belge d’origine turque, elle a grandi au cœur de l’Europe mais n’en a pas moins subi un mariage arrangé. Ce traumatisme l’amène à questionner à la fois sa famille, sa culture et l’institution du mariage. Elle s’interroge et surtout elle donne la parole, à sa tante tout d’abord. Partant de son témoignage, elle tire les fils qui la relie à sa mère, sa grand-mère, sa fille… Si les hommes ne sont pas totalement absents, il s’agit bien ici d’écouter la parole des femmes à travers les générations, de l’Anatolie à l’Europe, et d’essayer de comprendre comment trouver sa place entre traditions et émancipation. (GB)


Une médiagraphie de PointCulture réalisée par Philippe Delvosalle, Anne-Sophie De Sutter, Catherine De Poortere, Geoffrey Briquet, Simon Delwart et Yannick Hustache.


image de bannière : Tülin Özdemir: Les Lunes rousses (2019)

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