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Critique

POISSON D'OR

publié le par Guillaume Duthoit

Explosif et scintillant, puissant et enragé, « Poisson d’or » est un grand album, qui jaillit d’un être habité, pour qui l’art n’est rien moins qu’indispensable, pour qui raconter est une nécessité, et dont la présence transpire à chaque instant d’une […]

Sommaire

UN POISSON EN AVRIL

Karim Gharbi

Ça se présente dans une pochette en carton toute simple, en nuances de gris délavé, sur lesquelles se détache l’œil vert et vif de Karim, orné d’un trait de maquillage et d’une queue de poisson. Sur le CD, la même image. On insère, on s’installe. On écoute.

Ca s’ouvre sur « La notice ». Électronique et lancinant, le premier titre annonce la couleur du changement. Les arrangements voyagent dans les sonorités électroniques et spatiales, l’influence de Gil Mortio est palpable, et avouée par l’artiste qui lui a confié ses chansons pour leur permettre, justement, d’accéder à des voies qu’il n'aurait pu imaginer seul.

« Poisson d’or », titre éponyme, arrive en troisième position et déroule le récit d’un migrant noyé en mer. On y devine le cheminement d’écriture, l’accouchement d’un monstre. Aucune lourdeur pour autant dans ce titre où l’émotion se mesure à la maitrise. Prouesse.

« Sacripant » ou « Narcisse » rappellent un instant la folie enragée de Karim, son sourire taquin, et la pétillance de ses sauts de cabri sur scène. De son premier EP, il n’a gardé que « Il pleut doucement sur la ville » (texte de Verlaine), coulé dans une rythmique plus langoureuse et méditerranéenne, toute de mélancolie vêtue. Hugues Aufray est salué lui aussi dans une version mécanique et sexy de « Céline », qui magnifie le texte et lui permet (enfin?) une autre existence que celle de chanson-de-veillée-pour-les-scouts.

Engagé et soucieux du monde, Karim livre dans cet album plusieurs titres éclatants. « La gâchette et la romance » est force sensuelle. « Les marionnettes » est un rire secoué de larmes. « Mon frère » est un cri d’amour, et que dire du « Je crie ton nom » qui, en fin d’opus, balance à l’auditeur 8 minutes de constats d’absurde et de sordide, entre parlé et chanté, dans une orchestration entêtante qui pénètre dans les pores jusqu’au silence final, suspendu.

Explosif et scintillant, puissant et enragé, « Poisson d’or » est un grand album, qui jaillit d’un être habité, pour qui l’art n’est rien moins qu’indispensable, pour qui raconter est une nécessité, et dont la présence transpire à chaque instant d’une surprenante et douloureuse lucidité... ou d’une dérision sans marges.

Vanessa Fantinel

 

« Poisson d’or », Karim Gharbi, sortie officielle le 21 avril au Botanique (Bruxelles)

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