Cinéaste militant, Frédéric Rossif ("Mourir à Madrid", "De Nuremberg à Nuremberg", "Le Temps du ghetto") signe ici un documentaire passionné et engagé sur fond d'images d'archives qui met en lumière l'histoire de la fondation et du développement d'Israël. Réalisé en 1968 au moyen d'archives, souvent inédites, "Un mur à Jérusalem" retrace l'histoire conflictuelle du "fait israélien": l'implantation des premiers colons sionistes en Palestine au début du siècle, "le foyer national juif" au lendemain de la guerre 14-18, la création de l'État d'Israël en 1948 et les guerres israélo-arabes de 1948, 1956 et 1967. De l'aspiration légitime à une terre pour les rescapés des pogroms et de l'Holocauste, et de sa conséquence: le drame palestinien, Rossif fait une description toujours honnête, ne gommant aucune des responsabilités dans un problème qui reste d'une actualité brûlante.

"Un mur à Jérusalem" (1968) de Frédéric Rossif, tout comme "Mourir à Madrid" (Prix Jean Vigo 1963), est représentatif du film de montage d'archives sonores d'après-guerre. Tous deux sont accompagnés d'un commentaire qui donne du sens aux images. Ici, le commentaire est signé Joseph Kessel. Le choix de l'écrivain-journaliste n'est pas anodin. Considéré comme l'un des premiers grands reporters, il est l'auteur d'un ouvrage de référence sur la Résistance, "L'Armée des ombres", porté à l'écran par Jean-Pierre Melville en 1969, de même que des paroles du "Chant des partisans" (1943) qu'il écrivit avec son neveu Maurice Druon. Il s'agit d'un personnage engagé, tout comme l'était Frédéric Rossif en tant que documentariste. Aux citations d'hommes politiques, Kessel privilégie des citations d'hommes de science: Sigmund Freud et Albert Einstein. Une manière de prendre le contre-pied des discours politiques "officiels". Cinq parties détaillent les étapes chronologiques de la naissance d'un Etat juif, les effets de l'antisémitisme et de la Seconde Guerre mondiale, la naissance d'Israël et les premières guerres israélo-arabes. (d'après Stéphane Bedin)