ARCHIPEL - DETOURS 6

6 CDs + un livre en italien et anglais - 4 pièces payantes

J'ai le plaisir de vous proposer ici un ravissant coffret contenant 6 CDs accompagnés d'un livret de 400 pages en italien et en anglais. Cette merveille porte témoignage du travail de la RAI qui par son Prix Italia récompense les pièces conçues pour la radio entre 1959 et 1981 par 6 compositeurs italiens dans les fameux studios de Milan RAI Electronic Musica Studio di Fonologia. Le livret contient sept essais d'experts en la matière, une interview et une analyse de toutes les oeuvres présentées. Vainqueur du prix en 1959, La notte di un Nevrastenico (A Neurasthenic's night) de Nino Rota est un opéra composé en 1950. Cette comédie douce-amère met en scène un hôte névrosé qui a réservé tout l'étage d'un hôtel afin de dormir vraiment seul. Il souffre d'insomnies et sa recherche du sommeil est perturbée par divers personnages allant du personnel de l'hôtel au couple d'amoureux de la chambre voisine. En 1961, c'est Attraverso lo specchio (Through the looking-glass) de Niccolò Castiglioni qui remporte le prix. Au début de sa carrière, Castiglioni écrit de la musique néo-classique puis passe à la technique dodécaphonique pour se forger ensuite un style mêlant les techniques d'avant-garde dont l'électronique et une expressivité romantique tardive. Attraverso lo specchio, inspiré par Lewis Carroll, est un fascinant voyage à travers la musique électronique et les mots qui entraine l'auditeur dans une dimension magique, presque psychédélique. Participant la même année, Bruno Maderna conçut Don Perlimplin, une oeuvre radiophonique pour ensemble de chambre et acteurs basée sur la balade amoureuse "Amor de Don Perlimplin con Belisa en su jardin" (1926) de Federico Garcia Lorca. L'histoire raconte comment un homme timide, convaincu de se marier par sa gouvernante épouse Belisa qui accepte pour faire plaisir à sa mère. L'histoire finit mal. La voix de Perlimplin est confiée à la flûte, le rôle de Marcolta est tenu par une actrice et Belisa chante dans un espace réverbérant. La partie de la belle-mère est jouée par un quintette de saxophones appuyé par un groupe jazz. Il y a aussi des intermèdes atmosphériques combinant de la musique électronique enregistrée et des instruments acoustiques.

En 1969, Bruno Maderna réalise Ritratto di Erasmo (Portrait of Erasmus), un document radiophonique consacré à Erasmus de Rotterdam. A la fin du film, de la musique électroacoustique vient créer une atmosphère diabolique. L'électronique donne vie aux voix des démons par distorsion et variation de la vitesse de lecture de la bande. Vainqueur en 1972, Bruno Maderna présente Ages d'après As you like it de William Shakespeare. Luciano Berio gagne le prix en 1975 avec Diario immaginario, une oeuvre radiophonique basée sur Le Malade imaginaire de Molière. D'après les notes originales de Luciano Berio: "La scène de "l'agenda imaginaire" est l'esprit d'un acteur ayant souvent interprété le rôle du malade dans la pièce de Molière. Comme dans un rêve, l'acteur se remémore des fragments de questions, de réponses, de méditations, de commentaires et d'intermèdes dans une sorte de monologue intérieur ou plutôt d'apitoiement intérieur. L'acteur n'a pas d'interlocuteurs: il est seul avec un continuum de contrebasse qui le suit comme une ombre. La musique est celle qui lui vient à l'esprit progressivement comme s'il l'imaginait. Ce qu'il aurait lui-même choisi s'il avait été le directeur pour accompagner l'histoire qu'il a souvent interprétée. Une musique qui en fait, le plaint, fait des commentaires sur lui et chante ses désirs. Une musique qui le fait pleurer et rire d'une manière apparemment incohérente, qu'il a assimilée ça et là dans des films, à la radio, au concert et à l'opéra. Diario immaginario, donc n'est pas plus une analyse du personnage créé par Molière qu'une chronique des pensées d'un acteur qui porte de manière irrémédiable avec lui, l'ombre du gigantesque personnage." Participant en 1981, Salvatore Sciarrino présenta La voce dell'Inferno basé sur l'Enfer de Dante. Métaphore de la vie moderne, cette oeuvre incroyable est un voyage dans l'âme des damnés. AG