Né à Copenhague en 1893, Rued Langgaard était fils de musiciens. Sa carrière de compositeur a commencé dès 1908, en 1911, il a terminé sa première symphonie et en 1913, l'Orchestre Philharmonique de Berlin donne un concert consacré à ses oeuvres. Voici un début en fanfare ! Au Danemark, il est regardé avec scepticisme par la communauté musicale tandis qu'en Allemagne, son travail connait un certain succès. La création de compositions progressistes comme Sfaerernes musik (La Musique des sphères) et la Symphonie no.6 ont eu lieu hors Danemark. Après l'échec de son opéra Antikrist au Royal Theatre de Copenhague en 1925, Langgaard tourne violemment le dos au modernisme et s'isole de la vie musicale danoise en la critiquant durement. Sa conception musicale teintée de religiosité et de symbolisme s'étend d'un romantisme exacerbé à un expressionnisme démonstratif faisant de lui un solitaire. Quatre phases successives marquent son évolution artistique : jusqu'en 1916, son langage est romantique, s'apparentant à celui de Liszt et Richard Strauss. Entre 1916 et 1924, le romantisme se teinte de modernisme expressif anticipant Hindemith et Bartok. Les Quatuors n°2, n°3 et n°6 appartiennent à cette période. De 1925 à 1945, Langgaard tente un retour aux sources vers le romantisme de ses débuts, adoptant consciemment un style " anonyme " prenant la musique de Wagner et de Gade comme point de départ. En 1931, il réalise la révision de plusieurs de ses oeuvres comme le deuxième quatuor et les Variations Mig Hjertelig nu laenges. A partir de 1945, le désespoir s'exprime dans ses réalisations, assorti d'une fragmentation s'apparentant au collage. Naissent la Symphonie n°.11 'Ixion' et la pièce pour piano Le béguinage, sorte de mosaïque d'emprunts stylistiques. Ce n'est qu'à la fin du 20ème siècle que l'intérêt et la valeur de la musique de Langgaard sont remarqués par les cercles musicaux menant ainsi à une redécouverte dont le présent enregistrement témoigne. A découvrir donc. AG