La recommandation culturelle : journée de remue-méninges et de constructions d’alternatives non-marchandes
le 24/05/2017 de 9h30 à 17h00 - PointCulture Bruxelles
Cet évènement est terminé !
D'Antoinette Rouvroy à Eric Sadin en passant par Milad Douehi ou Dominique Cardon, tous s'accordent pour reconnaître aux algorithmes un pouvoir
de prescription comportementale de plus en plus prégnant. Ils sélectionnent et
trient l'information, nous suggèrent de nouveaux amis, recommandent de nouveaux
spectacles ou de nouvelles lectures, nous suggèrent certains achats,
surveillent notre santé et vont bientôt conduire nos voitures. En résumé, ils
construisent une certaine vision du monde, de la culture, de l'information et
des loisirs
Le philosophe Bernard Stiegler compare ainsi nos tweets sur Twitter, nos publications sur Facebook et nos recherches sur Google à autant de marqueurs chimiques. À l’instar des fourmis utilisant des phéromones pour communiquer et s’organiser, nous laissons sur la toile des traces qui permettent d’observer nos faits et gestes en ligne. Il existe pourtant des alternatives qui, comme le suggère Milad Doueihi dans sa figure de l’humaniste « geek éclairé », nous permettent de produire, partager et transmettre le savoir dans le respect des libertés (numériques) et de la vie privée. C’est le propos du libre, des logiciels et de la culture libres. Ces « briques » open source ne pourraient-elles pas servir de base au secteur non marchand de la culture pour la mise en place d'un réseau collaboratif de recommandation culturelle « plus critique et humain » permettant de s'émanciper du pouvoir de recommandation prescriptive de type algorithmique ?
Programme
- 09h30-10h00 Introduction et articulation de la journée
avec le cycle de conférences
Par Pierre Hemptinne
- 10h00-11h15 Cartographie culturelle : quels défis ?
Comment concevoir un projet centré sur les usages culturels ? Comme mettre les logiciels libres et la géolocalisation au service de la recommandation culturelle ? Quelles sont les contraintes techniques ?
Comment mettre en place une carte numérique avec des marqueurs thématiques ? Didier Villers, spécialiste des méthodes d'analyse numérique à l'Université de Mons et Marc Dukobu, responsable de Champs Libres, une société coopérative à finalité sociale fournissant des services de géolocalisation basé sur les logiciels, apportent leur éclairage professionnel et didactique sur le sujet.
- 11h15-12h30 Pour des réseaux sociaux à algorithmes humains
Comment mettre en place des techniques ouvertes appuyées par des ateliers destinés à des communautés locales ? Quelles sont les solutions existantes pour s'émanciper des GAFAM grâce à des collectifs d'hébergeurs alternatifs ? Quelle plate-forme numérique pour construire un réseau à dimension humaine ? Quels outils collaboratifs ouverts et fonctionnels pourraient adopter les acteurs culturels ?
Olivier Meunier, artiste multimédia ; Agnez Bewer, Web Designer, tous deux membres d'Abelli, l'association belge promouvant le libre, et Emmanuel Marseille, écrivain public bruxellois partagent leurs expériences et leur passion.
- 12h30 – 13h30 : pause
- 13h30-17h00 Que peut le secteur social et culturel en matière de recommandations
culturelles * pour le numérique ?
L’après-midi est consacrée à une dynamique d’ateliers, sous la forme d'un « forum ouvert ». L’objectif est de dégager des pistes de travail à mettre en place dans la foulée de la journée. Par exemple définir un projet qui serait mis en chantier ensemble, à titre d’expérience collective.
Les travaux en atelier se basent sur l’intitulé général : « comment créer ensemble un réseau de recommandation culturelle plus critiques et humaines ». L'ordre du jour sera construit collectivement. Les participant-e-es décident ensemble des thématiques traitées en sous-groupes.
Il s’agira d’examiner quelles appropriations des outils présentés en matinée peuvent être concrètement envisagées : à savoir quelle narration cartographique collective à partir d’OpenStreetMap ? Comment créer une transversalité spécifique, entre opérateurs culturels, via les réseaux sociaux alternatifs ? Comment la tester dans une réalisation concréte à dimension « pilote » ? Cette liste de questions n’est pas exhaustive !
*Dans le cadre de cette journée et du cycle « pour un numérique humain et critique », la recommandation culturelle est approchée de la manière suivante :
La place prépondérante des outils numériques produisant du conseil enferme la recommandation culturelle dans un circuit court illustré par la célèbre formule : « si vous avez ceci, vous aimerez aussi… ». Ce qui instaure un circuit d’équivalences entre les produits consommés. C’est le règne de l’algorithme et c’est très utile jusqu’à un certain point.
En tant qu’opérateurs socioculturels d’éducation et de médiation, nous ne pouvons accepter que les mécanismes de recommandation qui déterminent la circulation et la répartition des biens culturels, matériels et immatériels, dans une société, s’inscrivent ainsi dans une logique qui livrent les préférences des uns et des autres au mesurable, au marchandisable.
Il faut au contraire ouvrir le jeu, élargir le champ des expériences culturelles possibles, susciter les bifurcations et les surprises. Dans cet esprit la recommandation culturelle est pensée comme une dynamique qui facilite l’émergence de communs de la culture. L’objectif d’une telle recommandation culturelle est qu’une part significative des pratiques individuelles et collectives contribue à forger des sensibilités qui investiront créativité et imaginaire dans un projet de société à la hauteur de ses enjeux majeurs : le changement climatique, égalité entre les genres, une répartition équitable des richesses… C’est une manière d’actualiser, selon les contextes politiques et technologiques, les valeurs de base du secteur culturel (émancipation, esprit critique, mise en commun).
Où et quand
- le 24/05/2017 de 9h30 à 17h00 - PointCulture Bruxelles