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Wood Wide Web

World Wide Web

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publié le par Frédérique Muller

Wood Wide Web est un collectif qui regarde Bruxelles et voit une forêt. Nous lui avons posé 4 questions sur sa vision de la ville.

Sommaire

- Pourquoi est-ce important de penser la ville aujourd’hui ?

- Bruxelles, ville verte, capitale à taille humaine où il fait encore bon vivre est en train de changer à grande vitesse sous la pression démographique et immobilière. La pollution atmosphérique, sonore, lumineuse est croissante. Nous y vivons de plus en plus nombreux, à un rythme de plus en plus effréné. La voiture, la technologie et l’économie y règnent en maîtres souvent au détriment de la nature et de l’humain. Nous sommes hyperconnectés : nos cerveaux sont sans cesse occupés par des écrans (smartphones ou mobilier publicitaire). 

Résultat : nous sommes de plus en plus déconnectés de la réalité, des relations humaines et de la nature. Nous vivons de plus en plus « hors » sol, « hors » saison, « hors » cycles. L’environnement artificiel, aseptisé et hyper-sécurisé que nous construisons nous coupe de nous-mêmes, affaiblit nos sens et notre système immunitaire. L’organisation de la ville centralisée, protégée par le béton, est en fait très vulnérable : totalement dépendante de l’extérieur (approvisionnement énergétique, alimentaire, etc.). Nos gestionnaires sont débordés par les déchets, les embouteillages, etc. La ville et ses habitants sont de plus en plus dépendants de l’extérieur.

Ce modèle n’est pas durable, autonome, ou résilient. Il risque de devenir invivable.

 

- Quels sont pour vous les mots-clés pour la ville de demain ?

- Humus, humain, humanité, humer : Il me semble important de réaliser que nous sommes faits des mêmes éléments, des mêmes molécules que la terre ou les étoiles. Nous faisons partie de la nature et de ces cycles. Recréer de la terre partout où nous pouvons (composter), mettre les mains dans la terre, c’est se reconnecter à l’univers, à l’humain, aux autres. C’est se faire du bien : retrouver des sensations, humer l’odeur de la forêt (qui contient des molécules antidépressives et qui boostent notre système immunitaire).  Lorsqu’on commence à gratter la terre, semer des graines, faire pousser des choses, on se rend compte que nos choix sont forts limités. S’intéresser à la terre, c’est prendre conscience des limites de notre liberté en ville. Et reprendre sa vie en main.

Humour (et le sourire qui va avec) : c' est un moyen efficace et puissant de transformer les choses plutôt que d’aller contre un système qui se nourrit de l’opposition, de la colère et des batailles. Le clin d’œil c’est la petite virgule qui change la phrase, change la donne, surprend, touche juste.

Humilité : Un des freins au changement, à la transformation de notre société c’est l’ego. Cet ego qui nous place en dehors et au-dessus de la nature et des autres. L’ego a tendance à centraliser, opposer, plutôt que décentraliser, et composer. L’humilité permet d’échanger, travailler en symbiose.

Mimétisme : Les végétaux ne cessent de s’adapter, d’évoluer. Apparemment immobiles, ils sont en fait toujours en mouvement. Ils étaient là avant nous. Et ils seront là après nous. Ils mettent en place des solutions, lentement mais surement. En s’inspirant de la nature nous pouvons imaginer et mettre en place de nouvelles formes d’organisation (urbanistiques, sociales, économiques) durables et résilientes pour nos villes.

Décentralisation, rhizome, mycélium : Nous sommes des êtres verticaux et au système nerveux centralisé protégé par une boîte crânienne, avec la vue comme sens dominant. La ville nous ressemble. La nature est décentralisée, beaucoup moins vulnérable.

World Wide Web

- Quelle est l’activité de votre asbl par rapport à la ville ?

- Le principal projet de notre collectif Wood Wide Web est de tenter de faire pousser une forêt à la fois virtuelle et réelle à Bruxelles.

Nous voyons Bruxelles comme une forêt. Nous voulons partager cette vision avec le plus grand nombre. Wood Wide Web est une invitation à se (re)connecter au patrimoine vivant de la capitale : regarder Bruxelles telle une forêt, l’explorer, s’y plonger progressivement. Cette forêt est peuplée d’initiatives et d’événements arborés, menés avec le concours d’artistes, collectifs, associations, institutions, et citoyens. 

L'idée est d’enchanter le public et de fédérer un réseau arboré en allant chercher petits et grands derrière leurs écrans pour les emmener à la rencontre des arbres, à la rencontre d’autres personnes, à la découverte de ce qui se déroule à leur pied. Notre projet s’inspire du « Wood Wide Web ». Ce nom scientifique désigne le système de communication des arbres dans le sous-sol forestier. Ils communiquent entre eux via leurs racines, en symbiose avec le mycélium, (les filaments de champignons souterrains).

Nous espérons à notre tour inspirer les Bruxellois, les amener à voir les arbres, les regarder. « Essayez, ça fait du bien! ». Puis, peu à peu, apprécier les arbres en ville, les inviter à en prendre soin collectivement et, qui sait, peut-être même à en planter.


- Une source d'inspiration :

Une citation extraite d’un livre de Francis Hallé, La Vie des arbres (Les petites conférences / Bayard) :

« Je ne songerai pas un instant à cacher la sympathie que m’inspirent les arbres ni l’admiration que j’éprouve à leur égard depuis très longtemps. Il y a quelques temps j’étais en avion. Monte à côté de moi un industriel, c’était à Téhéran je crois. Nous commençons à discuter car nous avions une langue en commun et cet homme me dit quelque chose que je n’ai jamais oublié : « Quel que soit votre métier, à un moment donné vous allez vous demander si vous n’êtes pas en train de perdre votre temps, et même si votre activité n’est pas pernicieuse. Vous pouvez être commerçant, archevêque, marin pêcheur, musicien, ou médecin, tôt ou tard vous aurez l’impression de perdre votre temps. Il existe une seule exception : si vous plantez des arbres, vous êtes sûr que ce que vous faites est bien ». »

 

Pour se joindre à l’aventure : www.woodwideweb.be

Groupe facebook : ici

Newsletter : http://eepurl.com/c3AmwL

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