Quand les chanteurs voient le monde autrement
NOTRE MONDE VU AU TRAVERS DU PRISME DE L’ENFANCE
Le poète Jacques Prévert, dans « Page d’écriture », dresse le portrait d’un écolier qui n’en a cure des calculs et qui va entrainer tous les autres élèves dans sa lune. C’est Yves Montand qui nous interprète ce très beau texte en 1946.
Charles Trenet a su garder son âme d’enfant. Dans « Une noix » (1951), il imagine qu’il y a tout un monde à l’intérieur d’une noix.
Que ferait Mathieu Boogaerts s’il devenait riche ? Il nous donnerait rendez-vous dans son sandwich bien sûr ! (« Rendez-vous dans mon sandwich », 2002)
L’album « Robots après tout » (2005) de Philippe Katerine regorge de chansons surprenantes. Mais la palme revient sûrement à « 78-2008 » où il nous confie comment il voyait le monde de 2008 quand il n’était encore qu’un petit gars en 1978.
Dans « 36,50 » (2009), Pascal Parisot se met dans la peau d’un enfant qui n’en revient pas des prix chez le poissonnier. Du coup, il s’imagine que ce dernier doit être milliardaire et qu’il peut s’acheter tout et n’importe quoi.
NOTRE MONDE VU PAR DES DINGUES, DES ALLUMÉS
Dick Annegarn, Michel Jonasz et Bertrand Belin nous chantent tous trois des histoires d’amoureux devenus fous qui voient dorénavant le monde selon leur prisme ‘dérangé’.
Dick Annegarn : « Je te vois » (1974)
Michel Jonasz : « Guigui » (1978)
Bertrand Belin : « Requin » (2013)
NOTRE MONDE VU PAR
DES INADAPTÉS
Léo Ferré est sans conteste un des plus grands inadaptés de la chanson. Dans « La solitude » (1971), il s’adresse à nous, pauvres terriens, pour nous dire que décidément, on ne comprend pas grand-chose à ce qu’on vit. Un texte critique et mystérieux dans lequel Ferré semble venir d’une autre galaxie pour nous expliquer pourquoi on se sent si seul.
Le solitaire de la chanson William Sheller chante souvent son décalage dans ce monde. Dans « Les machines absurdes » (2000), il prétend même vivre dans un rêve où il rencontre des drôles de machines : J'ai cru voir avec incertitude/Des machines absurdes/Passer sur les flots/Vers les lumières oranges/Les gens, ça les dérange/Que je ne sache pas auquel ressembler.
Incapable de s’adapter aux règles du jeu de l’amour en ce bas-monde, le chanteur Blair ne se voit pas se battre pour celle qu’il aime. Il imagine un plan diabolique : il va devenir un chenet devant l’âtre de sa bien-aimée. (« Chenet », 2012)
NOTRE MONDE VU PAR
DES RÊVEURS, DES POÈTES
Charles Trenet aime partir en vrille et chanter des mondes farfelus. Dans « Il pleut dans ma chambre » (1939), il laisse gambader son esprit gaiement entre les gouttes.
Dans « Le jardin extraordinaire » (1957), il nous invite même à suivre ses pas.
Ayant bien du mal avec la vie que mène les gens sur terre, Féloche et William Sheller se sont réfugiés dans des mondes qui ont tout d’un rêve. Ils ne veulent absolument pas qu’on les réveille.
Féloche : « La vie cajun » (2009)
William Sheller : « Youpilong » (2015)
NOTRE MONDE VU AU TRAVERS D’UN FILTRE : PSYCHÉDÉLISME
Et pour terminer, voici quatre chansons « psychédéliques » où des personnages errent dans des mondes parallèles. Chacun semble avoir pris des substances favorisant ces voyages délirants.
Antoine : « Un éléphant me regarde » (1966)
Évariste : « Les pommes de lune » (1967)
Thomas Fersen : « Irène »(1999)
Philippe Katerine : « 8ème ciel » (2002)