PLANÈTE BLEUE (LA)
La violence des échanges en milieu aquatique... laisse à voir
le cycle de la vie, de la mort et du renouveau.
Odeurs imaginées, ralentis, accélérés, avant-arrière :
jeux du chat et de la souris. L'otarie, jetée haut dans le ciel, explose
en gerbes d'écume. La pleine lune, star inconsciente des tragédies
animales et humaines, luit sous les nuages. Elle veille sur la traque horrible
des prédateurs de la nuit par les impasses d'un éden en négatif.
Voyez la curée des requins rendus fous par le sang ! Pluies, blizzards,
tempêtes vigoureuses qui oblitèrent l'horizon des mers, nuées
de flammes au crépuscule. Vagues aux rouleaux acryliques fracassées
sur les brisants. Le plancton, pluie translucide d'un monde liquide, coule dans
les gueules voraces de monstres affamés. Les plantes sous-marines ondulent
aux vents des courants… Les méduses, champignons orangés,
dardent leurs tentacules vers l'étoile solaire.
Beauté sidérante des images emplies de terreurs splendides, dont
l'air bonasse des ours polaires en ogres immaculés. Que d'eau !
Que d'eau zébrée par l'envol-fusée des empereurs sur la
banquise. La mise à mort d'un baleineau par une compagnie d'orques opiniâtres
désole une baleine orpheline fuyant le sillage écarlate coulant
de la tête sans langue et sans mâchoire de son petit immolé.
Des géants nomades errent pendant des milliers de miles pour traquer
leur nourriture, se reproduire et chanter. Les requins-marteaux, comme des astres
éteints, s'accrochent au ciel de l'océan. Dans les abîmes,
un feu d'artifice de dragons de lumière dégouttent sur les parois
de la nuit, fils tendus de lueurs, fluorescences fantomatiques aux yeux de mouche.
Enfers biologiques, où pourtant grouille la vie, que ces sources d'acides
qui sourdent aux pieds des volcans abyssaux.
Des bancs de calmars explosent en comète : fulgurant !
Un rorqual, sinusoïde dans un fourreau de nacre, jaillit et engloutit une
compagnie de harengs argentés. Loin du rivage d'où, au début
des âges, elle est retournée à la mer, la baleine bleue
plonge d'un salut de nageoire : fin !
Document impressionniste, on n'y trouve pas d'approche scientifique particulière,
juste un jet d'images souvent inédites et à couper le souffle,
d'importants moyens techniques, des acteurs géniaux, peu de commentaires
et un grand message général : « ne faisons pas
chavirer le radeau de la biodiversité », notre survie en dépend !
Voir aussi Atlantis , film de Luc BESSON (
- VHS), (
- DVD).
( Pierre Coppée, Charleroi )