POSSIBLE LANDSCAPE
Dans la série Ambient pas morne, aux côtés des ciels mis
en musique par Tim Hecker (
) Haunt me, haunt me do it again , la musique électronique
du Norvégien Alexander Rishaug interpelle, trouble et séduit par
sa tonalité originale acide et fragile toute vibrante d'une lumière
un peu aveuglante pour notre oreille habituée à des fréquences
plus basses. Dès l'écoute de la première plage The
mountain song, je ne peux m'empêcher de cligner des tympans, mais
au fil de ces plages rayonnantes de fréquences morcelées et fluides,
j'ai à chaque nouvelle écoute l'impression de prendre un bain
de soleil sonore. La musique, comme la lumière, semble être à
la fois onde et matière. Au début, elle court sur le fil du rasoir
encore un peu urticante pour notre peau trop blanche, mais bientôt elle
la traverse et devient une pulsation palpable irradiant pour le plus grand plaisir
des sens (plage 7 My favourite place ). Elle ressemble à une
musique venue du ciel, très finement morcelée, spectrale entrecoupée
d'éléments sonores terrestres qu'elle a captés par magnétisme.
Par moment, des rythmiques sub-atomiques dégringolent en cascades sans
jamais fausser l'élan beaucoup plus vaste de cette musique qui harmonise
toutes les fréquences. La plage 5 Tatlic gigote comme un électron
fou qui aurait du mal à échapper au noyau du dancefloor avant
de se désintégrer à nouveau dans l'atmosphère. La
plage Room tone est plus oppressante et des éclairs de chaleur
strient l'espace, mais ce « Possible Landscape » se prolonge
en compagnie des oiseaux sur une vague d'harmonium électronique plus
écumante que réellement étale.
( Pierre-Charles Offergeld, Liège )