Après 'We feed the world' et 'Let's make money', respectivement consacrés au marché de la faim et aux délires de la finance, Erwin Wagenhofer clôt ce qu'il appelle sa 'trilogie de l'épuisement' en s'attaquant aux systèmes éducatifs dominants, ceux qui sont conçus pour répondre aux injonctions du libéralisme débridé dont une des caractéristiques principales est de servir aveuglément le pouvoir économique et pour cela de mettre absolument tout le monde en concurrence avec tout le monde.

Il montre le dressage des individus, la mécanisation des esprits, l'asservissement au culte de la performance (faire des enfants des machines à apprendre), l'ineptie foncière de la plupart des préceptes de toutes les formes de management (to manage : gérer, diriger). Il montre aussi les ressources des pédagogies alternatives et met bien en lumière les formidables inventions relationnelles et conceptuelles véhiculées par ceux qui éduquent autrement, surtout il formule clairement une autre conception de l'enfant et par là de l'humain, recontruisant à partir de là une autre vision du monde.

Comme dans beaucoup d'autres problématiques il ressort de ce film que nous avons tout entre nos mains pour résoudre ces graves questions, nous savons ce qui se passe, quelles sont les méthodes utilisées pour dévoyer l'enfance et quelles solutions apporter à ces errances. Il nous reste à parvenir à croire collectivement à de nouveaux horizons et à les faire apparaître. (DS)