SPIRITUAL VOICE
Flirt avec l'obscène, une jeune fille qui s'exhibe totalement par les
filets de son chant. Qui s'enroule sur un axe autobiographique par le biais
des sons qu'elle parvient à conceptualiser, former, produire. Autobiographie
abstraite pour rendre son identité spirituelle/charnelle perceptible.
En faire une parure. Ce sont des sécrétions vocales intimes qu'elle
parsème pour retrouver sa route. Elles jouent avec, fascination pour
ce qui sort de soi, sa malléabilité, la forte ressemblance entre
cette matière innommée et une partie mystérieuse de soi.
Petites stridences phosphorescentes. Qui se cassent, s'éparpillent en
étoiles, en cristaux. Petits cris, animalité à fleur de
peau, surgissant de toute la porosité de la peau. Ce sont toutes les
cavités qui chantent, murmurent, prient, ronchonnent, s'éclatent.
Une ultime écume de paroles sur laquelle elle surfe à la recherche
de sa spiritualité enfouie. À décoder. À éveiller.
Sa part d'obscur. Vertige d'un certain ressac buccal, barrière de corail
par où passent tous les élans de l'âme. La techno est là
sous forme d'habillage fluide, fantôme, au plus près du sang, du
battement, de la respiration, de l'irrigation des tissus, comme un voile électrique,
galvanisant conduisant la chanteuse vers le ténu, sur le rasoir du chant,
près de l'anéantissement. Un Orient infini intérieur. Parfois
aussi vers l'épanchement rauque, c'est le versant sorcière, fouillant,
salissant ou sublimant le flux noise corporel refoulé par la bouche.
Touchant. Troublant. Émouvant.
(Pierre Hemptinne, Charleroi)