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Pointculture_cms | critique

DÉLIVREZ-NOUS DU MAL

publié le

LE CÔTÉ OBSCUR DE LA FOI
 

 

 

 

 

Nommé aux Oscars 2007, « Deliver us from evil » de Amy Berg peut être qualifié de film d'horreur : la documentariste y retrace le parcours – absolument épouvantable – du prêtre Oliver O'Grady, accusé à de nombreuses reprises d'attouchements (régulièrement doublés de viol) sur de très jeunes enfants. Parti d'Irlande pour officier en Californie, il abusera de la foi de ses fidèles de la plus odieuse façon qui soit, gagnant la confiance des familles pour mieux approcher leurs enfants. Mise au courant de ses agissements, l'église se contentera de le muter plusieurs fois dans un périmètre de 100 kilomètres, permettant au prédateur de revoir ses anciennes victimes tout en resserrant le lien avec leurs parents.

Outre cet « homme de Dieu » pétri de fausse rédemption, la réalisatrice a rencontré trois de ses victimes, aujourd'hui des adultes meurtris par ce double abus de pouvoir: l'intolérable abus physique, pour commencer, mais aussi un abus de leur foi.

Différents intervenants spécialisés en droit, en psychologie et en théologie complètent le tableau. On notera plus particulièrement la présence de Thomas Doyle qui fut prêtre pendant 35 ans avant d'être écarté de l'Église pour avoir tenté d'éclaircir certaines affaires de prêtres pédophiles au sujet desquelles les hautes autorités catholiques ont toujours fermé les yeux (à ce jour, plus de 100000 plaintes ont été déposées pour abus sexuels contre des prêtres rien qu'aux États Unis, sachant toutefois qu'une grande partie des victimes ne se fait jamais connaître).

Le grand absent de ce documentaire est bien évidemment le clergé et son personnel de bord, l'Église catholique n'ayant sans doute pas voulu se mouiller davantage. Sa responsabilité est pourtant grande, car elle continue de faire la sourde oreille, se rendant coupable, par la même occasion, de non-assistance à personne en danger.
Une publicité dont le clergé se passerait bien.

Mais comment s'attaquer à une telle institution?
Déjà en 2002, « The Magdalene Sisters » de Peter Mullan avait littéralement explosé à la figure de ses spectateurs. En reconstituant sous forme de fiction la vie quotidienne dans les «Magdalene asylums» irlandais, le cinéaste donna un coup de projecteur sur l'une des réalités les plus méprisables du catholicisme contemporain: jusqu'en 1996 (!), des milliers de jeunes femmes sont passées par ces centres mi-maisons de correction, mi-camps de travail forcé pour expier leurs pêchés. Quels pêchés? Principalement celui d'avoir jeté le déshonneur sur leur famille après un viol, un inceste ou un enfant hors mariage. Parfois même, elles étaient simplement trop jolies pour être respectables. Comme Marie Madeleine, présentée dans la Bible comme une catin et une pécheresse, ces jeunes femmes ont payé le prix fort pour s'être intéressé d'un peu trop près, et souvent à leur insu, aux choses de la vie.

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Lorsqu'on se penche sur les valeurs chrétiennes, on constate qu'elles sont à mille lieues de ce qu'en on fait et en font encore ces hommes et femmes de Dieu autoproclamés: les valeurs chrétiennes, comme les valeurs véhiculées par toutes les religions, sont basées sur le respect mutuel. « Tu ne tueras point », « tu ne mentiras point », « tu ne feras pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'il te fasse ».

De tous temps, quelques extrémistes se sont appropriés les textes, interprétant à tort et à travers des idées pourtant simples et nobles, des idées faciles à mettre en pratique au jour le jour, prétextant une soi-disant supériorité spirituelle pour partir en guerre contre d'autres croyances.

Il faut croire que l'être humain est ainsi fait qu'il lui sera toujours plus facile de faire le mal que de faire le bien, même (surtout ?) sous couvert de foi religieuse. Or, la foi, ce n'est pas ça: la foi est un affaire privée, intime. À chacun de trouver la sienne et sa façon propre de vivre les valeurs qui y sont associées.

Catherine Thieron

 

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