STRAWBERRY JAM
Mon fils me raconte que son coiffeur (« Le Coiffeur », Mons) écoute le dernier Animal Collective en disant : « ils ont réinventé la musique ». Exagéré bien sûr, mais j’avoue avoir éprouvé quelque chose qui pourrait se traduire par ce genre d’enthousiasme à l’emporte-pièce! Disons que je n’avais plus entendu depuis longtemps de chansons aussi évidentes, comme non voulues, non calculées, venant d’un univers sonore où la chanson n’est pas la règle. J’ai eu un autre flash à propos de cette musique: en revoyant à l’Orangerie des toiles de Soutine, figures tordues, viandes essorées, pleines d’un lyrisme maladif, déséquilibré, j’ai vu les mélodies d’Animal Collective, du moins certaines d’entre elles, comme la première du CD, « Strawberry Jam », même genre de coups de pinceau pour secouer la noise, l’affoler, lui incorporer un autre destin et soudain la faire chanter.