Nancy. Festival Musique Action. 1er juin 2003. Le toujours bien inspiré groupe rock amstellodamois The Ex invite sur scène sa nouvelle découverte : Anne-James Chaton. Un jeune trentenaire aux yeux et cheveux bruns, vertical et longiligne (1m78, 63 kilos), tiré à quatre épingles dans son costume sombre. Un micro, un bouquet de feuilles de papier tendues à bout de bras, un CD de boucles pré-enregistrées en fond sonore. Puis, commence la lecture - monocorde, lancinante, presque clinique - de quelques-uns de ses Événements 99 : relevés subjectifs de quelques journées de cette année, laquelle débuta par les bombardements de l’OTAN au Kosovo et s’acheva, à l’aube de l’an 2000, dans la paranoïa informatique. Tickets de caisse, titres de transports, emballages, règlements divers, coupures de presse... Le travail de Chaton est d'abord celui d'un glaneur, d'un archiviste des traces - omniprésentes donc souvent négligées - de notre société saturée d'informations, de codes et de données alphanumériques. Lorsqu'il attire notre attention sur ces scories de notre Occident, en les déclamant (sur scène ou sur disque), le poète sonore se mue en rappeur post-Pérecien et ses enfilades de mots-résidus, reflets impitoyables d'une époque (la nôtre), se chargent d'un contenu politique qu'on ne leur soupçonnait pas a priori.

PS : Anne-James Chaton sera, e.a. avec Andy Moor de The Ex, aux Halles de Schaerbeek, ce 28 octobre 2004
(Philippe Delvosalle, Dép. Fiction Documentaire)