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Pointculture_cms | critique

ANOTHER SIDE

publié le

« In the beginning there was jack and jack had a groove. Let there be house. » (« Can You Feel it »)

Larry Heard a déjà une longue carrière musicale derrière lui lorsqu’il débute Fingers Inc. Il a jusque-là joué de la basse et de la batterie dans des groupes de soul, de rhythm’n’blues, de jazz, ou encore de reggae. Après avoir quitté le dernier de ces groupes en 1984, il s’achète un clavier et une boite à rythme et commence à composer seul. Il en sortira une série de morceaux, comme « Mystery of Love » ou « Washing Machine », très différents de la musique qu’il avait l’habitude de jouer, voire d’écouter. La légende veut que Larry Heard ait composé un grand nombre de ces morceaux avant même d’avoir mis les pieds dans un club pour la première fois, il était alors plus familier des clubs de jazz que des discothèques. Cherchant un vocaliste il choisira de s’associer avec deux : Robert Owens et Ron Wilson. Ensemble il créeront quelques-uns des premiers morceaux à s’écarter des rythmes rectilignes de la house pour y intégrer plus de complexité, et y ajouter une touche soul. Le genre, plus tard baptisé deep house, se voulait plus sophistiqué, plus classe que le style « jack » qui faisait fureur à l’époque. Les textes du groupe dépasseront assez aisément le niveau moyen des textes-prétextes de leurs contemporains. Laissant tomber les slogans, les appels à la danse en trois mots maximum, et les clichés hédonistes, ils cherchaient à concilier la house avec la chanson, la soul, le jazz. L’histoire de Fingers Inc. sera marquée par une série de péripéties, hélas typiques du milieu de la house à Chicago : tenus captifs d’un mauvais contrat, ils mettront plus d’un an à se séparer de leur label, sans voir la couleur du produit des ventes (30 000 exemplaires pour le premier 12-pouces Mysteries Of Love, sorti en avril 1986) pour tomber dans une arnaque similaire avec le label suivant. Ils décideront par la suite de fonder leur propre label, Alleviated, et de conserver une stricte indépendance.

Benoit Deuxant