DUO [VICTORIAVILLE] 2005
Très belle cession. Les amorces sont parfois tâtonnantes, normal. Mais une fois que les échanges atteignent leur plein régime, quel dialogue, quel discours. Ce qui frappe est probablement la richesse et la diversité du vocabulaire musical, la prolixité syntaxique, son inventivité mobile. On dit souvent de telle population stigmatisée que son vocabulaire est réduit, que sa capacité d’expression repose sur un nombre limité de mots. On pourrait transposer ça à certains répertoires musicaux qui « cherchent à faire mouche » avec un vocabulaire sonore aussi réduit que le lexique ordinaire de ses publics. La musique de Braxton et Frith élabore sans cesse du nouveau vocabulaire, sur une base fixe, idiosyncrasique, mais élargissant toujours plus les nuances, les subtilités. Cela se traduit par des techniques impressionnantes, des capacités d’intervention qui semblent illimitées. C’est le résultat d’une carrière déjà très longue, d’un engagement rigoureux qui faiblit rarement. Musique indispensable pour étudier comment se développe un vocabulaire musicale capable d’accompagner la complexité des modernités…