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Pointculture_cms | critique

ACT OF WAR

publié le

L'acte de guerre a pour objectif de prendre le pouvoir, de le rétablir


L'acte de guerre a pour objectif de prendre le pouvoir, de le rétablir ou encore de le garder. Toute forme d'action armée réclame par sa violence le tribut de la victoire, c'est-à-dire le droit de décider, de dominer et de disposer du vaincu. Peu importe les motifs qui engagent l'homme dans la spirale de la force armée. L'unique justification de son engagement tient au fond et véritablement dans le désir de posséder le pouvoir qui lui fait défaut afin d'exercer l'autorité qui lui permettrait d'accomplir ses volontés. Mais s'il s'attache au pouvoir, que ce soit pour l'amour ou pour la haine, il finira toujours par dénaturer la justesse de ses convictions. Ce n'est qu'une question de temps. Car le pouvoir seul décide du sort de celui qui en dispose. L'homme pris dans la trame du pouvoir finira par faire des meilleurs idéaux la caricature de tout ce qu'ils combattaient jusque là. Aussi sûrement que s'il tentait d'adoucir les traits de son visage en le plongeant dans la braise ardente d'un violent incendie. Ceux qui ont le pouvoir veulent le garder et ceux qui ne l'ont pas veulent le prendre. Un point c'est tout. Voilà ce que ne disent pas ceux qui font l'apologie de leur guerre. Voilà aussi ce que ne comprennent pas ceux qui en subissent la fascination. Qu'elle soit sainte ou impie, qu'elle soit juste ou injuste, le massacre des innocents est le vrai visage du pouvoir avec son cortège de mensonges et la valse des trahisons. On oublie facilement que le seul maître du pouvoir, c'est le pouvoir lui-même. Sa nature obsédante remonte la force vitale des hommes pour l'asservir et ceux qui vivent aujourd'hui, comme ceux du passé, ignorent qu'ils sont pris de vertige devant l'insondable précipice qui accompagne ses promesses. Tout ce qu'il vous donnera par la naissance ou l'existence est peu de chose. La mort finira par vous le prendre. Le prix du pouvoir est dans la tourmente qu'il distille dans l'âme de celui qui se veut un puissant du monde. Parce qu'il devra sans cesse se battre pour le garder. Jusqu'au jour fatidique de la chute. Jusqu'au jour inéluctable de la déchéance. Il en va ainsi des empires comme des êtres. S'attacher au pouvoir, c'est devenir son esclave. C'est devenir le pantin atroce d'une espèce de puissance qui ne tient que dans l'asservissement et l'aveuglement de ses victimes comme de ses bourreaux. L'exercice du pouvoir est corrupteur et le seul moyen de ne pas sombrer sous son emprise, c'est de ne pas l'approcher ou de ne pas s'y attacher. L'abandonner sans regret une fois l'objectif atteint et lui rendre ce qui lui appartient pour ne plus y revenir. C'est-à-dire tout, c'est-à-dire rien.
(Jean Nicolas, Charleroi)


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