BOOK OF ELI (THE)
Le calme après la tempête
Survival façon Mad Max (en plus mystique), The Book of Eli met en scène Denzel Washington dans un monde dévasté par une guerre. Comme tout bon blockbuster qui se respecte, l’action est omniprésente, les décors ambitieux et l’histoire… bah… l’histoire est, disons, digne d’un blockbuster américain: simple et efficace !
Il n’empêche que les jumeaux Albert et Allen Hughes ont recruté un musicien étonnant pour en écrire la musique: connu pour ses collaborations avec Bomb The Bass, Barry Adamson et surtout Trent Reznor avec lequel il a produit quatre albums de Nine Inch Nails, Atticus Ross signe ici sa première bande originale de film après avoir composé en 2004 plusieurs titres pour la série Touching Evil dont quelques épisodes furent réalisés par Allen Hugues.
Pour cette bande originale, Atticus Ross s’est entouré de son épouse, Claudia Sarne, et de son frère, Leopold Ross, qui l’ont épaulé à la composition, ainsi que d’un orchestre de 80 musiciens.
Évitant toute surenchère symphonique, le musicien fait honneur à ses racines et s’en est donné à cœur joie pour agrémenter les parties orchestrales d’éléments électroniques subtils et néanmoins bien présents. Pour évoquer les paysages désertiques post-apocalypse, Atticus Ross alterne harmonieusement compositions pour cordes à effet chair de poule (Blind Faith, The Purpose), cuivres puissants (Amen), envolées arabisantes (Movement, Panoramic), piano solo (Human) et sonorités à la limite du trip hop (The Journey), s’attachant aux ambiances plutôt qu’au thème qui fait mouche.
C’est d’ailleurs la grande réussite de cette bande originale : le musicien prend à contre-pied les us et coutumes du cinéma d’action contemporain en s’interdisant toute ligne mélodique un tant soit peu bruyante ou racoleuse. On songe aux titres les plus calmes de Nine Inch Nails, évidemment, mais aussi à des groupes comme Dead Can Dance ou Massive Attack pour les atmosphères sombres, troublantes et envoûtantes.
Catherine Thieron