Entre musique savante et musique populaire, Badi Assad, virtuose de la guitare, voix entêtante et auteur de textes bien inspirés, est l’une des artistes les plus doués de la scène Brésilienne actuelle. Née au sein d’une famille de troubadours légendaires, auxquel le réalisateur Joel Pizzini avait consacré un documentaire « Suite Assad » elle se forge au sein de la fratrie une place de choix. Depuis Jorge Ben et Chico Buarque, l’on pourrait croire que tous les brésiliens naissent avec une guitare entre les bras, comme aurait pu le justifier Tom Jobim. Pour Badi Assad, l’expression paraît plus singulière encore et se doit investigatrice. Outre la guitare qu’elle travaillera sous toutes ses formes, le corps, la gestuelle et la chorégraphie. Elle se penche sur d’autres cordes, la voix. Prenant comme modèle Bobby McFerrin et les chants pygmées, abordant de fait, les versants de l’improvisations jazzique.
Ainsi, Verde, s’ouvre sur un chant incantatoire porté par un chœur masculin et des percussions ancestrales, très proche d’un rituel de transe candombé ou batuke, tant il redonne sa dignité et sa noblesse au patrimoine noir et indien. S’enchaînent ensuite un morceau plus lounge, immersion feutrée dans un club intimiste, sorte de favela chic. Pour passer à la vitesse supérieure avec « Nao Adiante » à la rythmique dissonante que n’aurait pas renié J. J. Cale. Puisqu’il y a de l’audace, une reprise de Bjork « Bachelorette », une de U2 « One »  et une libre adaptation Amélie Poulinesque. Badi Assad est l’une des artistes à l’expressions polymorphes pouvant, sans clichés, ni complexes, marier musique érudite et populaire.