WANDA
Une femme vêtue de blanc traverse un champ de terre noire. Contraste. Elle n’est pas à sa place. Mais en a-t-elle seulement une ? Wanda se rend au tribunal pour s’entendre dire qu’elle abandonne mari et enfants. Elle est désormais libre, même si ce mot ne semble rien dire pour elle. Car Wanda n’a nulle part où aller, prête à suivre n’importe qui, n’importe où. Une errance aveugle qui la conduit à rencontrer Mister Dennis, petit escroc ayant aussi peu de scrupule à voler qu’à se comporter en goujat avec cette femme. Mais Wanda semble s’en accommoder. En fait, elle s’accommode de tout, et surtout de rien. Wanda n’existe presque pas, se dit ne rien valoir. Vide absolu.
Ce film est un portrait amer de la déchéance d’une femme qui choisit de ne pas choisir, ou peut-être l’ignorance. Barbara Loden, qui réalise et interprète Wanda, nous inflige une description très dure, mais malheureusement réaliste, d’une certaine catégorie de femmes sans rêves, sans questions, sans rien.
De par sa position anti-american-way-of-life, son esthétique propre au cinéma indépendant des seventies, qui n’est pas sans rappeler une certaine Nouvelle Vague française, Wanda est devenu un film-culte en Europe, alors qu’il passait par la trappe de la critique américaine. On pense aussi à Cassavetes, mais surtout au superbe Sue perdue dans Manhattan (VS7352) d’Amos Kollek, qui raconte, à sa façon, la déchéance d’une femme, une dérive urbaine.
Le DVD bonus est complémentaire au film car les interviews nous permettent d’en savoir un peu plus sur Barbara Loden, seconde femme d’Elia Kazan, qui réalise ici son unique oeuvre, décédant quelques années plus tard d’un cancer.
On peut réagir à l’attitude prise par Wanda, on peut la détester ou l’adorer, mais ce qui est certain, c’est que ce film ne laisse pas indifférent.
BS