UNE PART DU CIEL
D'un côté, il y a Joanna, incarcérée et contrainte de travailler à l'atelier de manutention de la prison. De l'autre, Claudine, ouvrière à la chaîne dans une usine. Rattrapée par le passé qui la lie à
Joanna, elle remet en cause la structure syndicale qui semblait jusqu'alors les protéger et dénonce ainsi les faits qui ont poussé son amie à la violence.
Formellement assez proche d'une production des frères Dardenne (avec lesquels Bénédicte Liénard a déjà travaillé par le passé), le film se démarque cependant par son immédiateté, sa rage et sa rigueur. La caméra va à l'essentiel, capturant sans détour la détresse de ces personnages prisonniers de leur solitude et de leurs convictions. L'histoire est construite autour du va-et-vient permanent entre ces deux univers (carcéral et ouvrier) où, chacune de leur côté, deux femmes vont faire valoir leurs droits au respect et à la dignité. Sans jamais tomber dans le militantisme politique, la réalisatrice prend le parti de nous confronter sans détour à la rage de ses anti-héroïnes face à la détresse de leur situation. Un fatalisme latent couve tout au long du film comme le traduit très bien cette réplique du directeur de la prison : « Je gère la détresse humaine et je n'ai pas de réponse. »
(Michaël Avenia, Liège)