THEY SAY I'M DIFFERENT
C’est du feu. Un extrait écouté en réunion de travail suffit à me flanquer la chair de poule. La force particulière et intransigeante de l’interprète. Sa voix, son mouvement. Sa façon de faire bouger les lignes de repères. Avec un funk combatif, voluptueux, aux couleurs d’une guerre joyeuse. Les chroniques consultées sur Internet accordent trop d’importance à sa courte liaison avec Miles Davis et ses amours avec Hendrix. Elle vaut mieux que ça. Elle incarne à part entière une part de la créativité bariolée, luxuriante, absolument libre de cette époque. Les illustrations, les photos de concert achèvent de rappeler combien Betty Davis était un sacré morceau, un tempérament, une bête de scène militante. La provocation sexuelle est on ne peut plus explicite, mais liée aux questions d’identité et d’autonomie, clairement encastrée dans l’histoire d’une communauté. La posture du corps mis très en avant est aussi politique, revendique un statut singulier, personnalisé. Rien à voir avec une exhibition très répandue aujourd’hui qui banalise une sorte de dépersonnalisation pornographique. La voix de Betty Davis est magistrale, « abrasive » (mot souvent utilisé à juste titre dans les chroniques, notamment l’article des Inrockuptibles). Son funk est vraiment puissant. Jouissif. De la dynamite somptueuse. Commotionnant.
Pour citer Miles Davis, quand même : « If Betty were singing today she be something like Madonna, something like Prince. She was beginning of all that. »