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Pointculture_cms | critique

TROPISM

publié le

Proche, par l’esprit, de groupes japonais comme Sora ou Fonica ou, plus près de nous, d’un Wechsel Garland, la musique de Bexar Bexar dérive dans un monde flottant, un petit monde tranquille de souvenirs mélancoliques. À l’instar de la pochette, et de […]

Proche, par l’esprit, de groupes japonais comme Sora ou Fonica ou, plus près de nous, d’un Wechsel Garland, la musique de Bexar Bexar dérive dans un monde flottant, un petit monde tranquille de souvenirs mélancoliques. À l’instar de la pochette, et de son côté passé, délavé, de vieil album de photos, il est fait de petites pièces calmes, floues et délétères comme des souvenirs d’enfance. Un peu comme ces réminiscences d’un temps lointain, déclenchées par une odeur, un son ou simplement la luminosité d’un ciel, pareil à un autre ciel disparu depuis belle lurette, dont on serait bien incapable de se remémorer le lieu ou la date. Mais, sans savoir pourquoi, sans savoir ce qui nous revient, ces retours fugitifs du passé nous plongent dans une béatitude incommunicable et l’on reste là, à sourire bêtement, debout au milieu d’un passage pour piétons, comme dans un manga pour jeunes filles. Figé dans une immobilité contemplative, on se laisse gagner par un vague à l’âme indicible. Quelque part entre le coup de cafard et un ravissement infini, on se permet un moment de bien-être extatique, dont on profite d’autant plus qu’on le devine de courte durée. S’il fallait une bande-son à ces trop rares moments, ce serait la guitare de Bexar Bexar. Tout en arpèges délicats et en subtiles manipulations digitales, ce nouvel album renonce, cette fois définitivement, aux rythmes pour se consacrer à des mélodies liquides, prétextes à dérives, qui scintillent comme la réflexion du soleil sur la mer ce jour-là, il y a longtemps... Mais où était-ce déjà ?


Benoît Deuxant

 

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