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Pointculture_cms | critique

BIOKINETICS

publié le

Passé quelque peu inaperçu à sa sortie en 1996, l’album Biokinetics a connu, courant 2012, les honneurs d’une ressortie « physique » via la structure Type. Un disque-balise qui illumine d’un pâle mais ô combien essentiel halo, le chemin des […]

Depuis le nom du projet (Porter Ricks est un personnage de la série Flipper le dauphin), en passant par les titres de plages explicites (« Nautical Dub », « Port of Nuba »), et jusqu’à un traitement du son qui modifie les règles mêmes de la perception auditive, tout dans Biokinetics renvoie à l’existence de réalités sonores immergées encore largement méconnues. Le duo de scaphandriers à l’origine de ce projet n’en est pas à sa première plongée : Thomas Köner a déjà livré quelques heures d’ambient amniotique et Andy Mellwig est un producteur actif dans l’entourage de cet autre binôme d’importance qu’est Maurizio (Mark Ernestus et Moritz von Oswald, également à la tête de Basic Channel).
S’il faut d’entrée fournir un effort d’apnée mesuré pour « descendre » au niveau de paliers respectifs de décompression imposés par chacune des huit plages (parfois kilométriques) de Biokinetics, les repères sensoriels ne tardent à se réorganiser. En partie parce que le nombre plutôt limité de matériaux sonores de base utilisés permet leur identification sans difficulté majeure, et que sa longue trame, malgré nombre de circonvolutions abstraites ou fantomatiques, se déploie à des hauteurs de pression voisines, une certaine unicité de son arrachée au forceps d’un travail de production au résultat aussi dense et fluide que méticuleux.
Mal éclairé, charriant parfois quelques agrégats de déchets de nature industrielle, peuplé de créatures numériques aux structures variées mais aux agencements complémentaires, le plancher sous-marin de Porter Ricks semble s’organiser en deux strates. L’une mouvante, où prolifèrent les beats chirurgicaux montés en spirales pulsatives, pouvant engendrer rapidement des phénomènes d’ivresse des profondeurs et d’asphyxie extatique progressive (le versant techno-dub des « Nautical Nuba », « Port of Nuba » « Port of Call » et de l’introductif « Port Gentil »). Et l’autre, où ces mêmes beats monomaniaques comme ramenés à leur plus simple condition de marqueurs (a)rythmiques, laissent le champ libre aux flux et reflux contrôlés d’abyssales et enveloppantes nappes synthétiques (« Biokinetics 2 », « Nautical Dub »), générant ici aussi d’intrigants effets secondaires de déperdition des sens.

Hustache Yannick

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