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Pointculture_cms | critique

ULTRANOVA

publié le

Telle la supernova, étoile géante en fin de vie qui peut briller

Telle la supernova, étoile géante en fin de vie qui peut briller plus fort qu'une galaxie entière, ce film est une véritable curiosité. Et des étoiles, vous en verrez ! Les acteurs, inconnus jusqu'à ce jour, ont de quoi briller durant quelques années.
L'histoire est toute simple : un jeune homme timide, au passé mystérieux, travaille dans l'immobilier et va rencontrer une jeune fille. Il ne se passe rien et tout à la fois. Et puis, les gens qui louchent ne pleurent pas car les larmes n'arrivent pas à trouver le bon chemin.
Si on s'était habitué à voir Bouli Lanners dans le rôle du (gros) comique en tutu rose au côté des Snuls ou, plus récemment, chanteur finlandais dans le film L'Aaltra (VA0370) de Benoît Delépine et Gustave de Kervern, il faudra dorénavant penser Bouli Lanners réalisateur de longs métrages. Comme premier jet, il s'en tire plutôt bien, même très bien. Et grande prouesse de sa part, sous sa caméra, nos autoroutes du Hainaut, notre ciel gris et nos bâtiments de béton en sont presque beaux, le tout littéralement emballé par une belle musique épurée signée Jarby McCoy.
Ultranova est un road movie, un poème, un film noir et blanc au gros grain, un film belge, un film à découvrir.
BS

 

 

Ultranova est-ce un lieu ou un corps ? Lieu et corps ce n’est pas cette étoile, la nova, prise de brusques poussées d’éclat, augmentée d’une fièvre aussi violente que fugitive, et blafarde lorsque l’accès retombe. Ni lieu ni corps ce  n’est pas davantage la supernova, le triomphe de la lumière à la mort d’une étoile. Sans lieu sans corps, ultranova n’existe pas et, pour cette raison, c’est un peu tout ce que ça n’est pas.
Le lieu c’est la Wallonie blême, verdâtre et bleutée mais jamais solaire. Non pas étendue mais répandue, en couches boueuses, dessus laquelle le ciel vient déposer ses couches pluvieuses.
Les corps sont droits, verticaux. Inscrits dans la continuité du lieu, d’une semblable substance pâle et grise, ils circulent en voiture, en alcool, en cigarettes, en sourire, en grimaces, mais on sait, et ils savent, qu’ils font du surplace.
Des lieux, des corps voilés, d’avant l’éclat, la fièvre, la mort. C’est une erreur commune de les croire dépourvus de lumière, c’est être soi-même voilé que de ne pas saisir la nuance, c’est malheureusement leur ressembler, que de ne pas percevoir leur luminosité particulière.
Car ces lieux ternes offrent au regard un espace à la mesure de l’imagination, qui s’enflamme et d’un coup resplendit. Les nuances infimes de la nature raréfiée sont dans cet écrin sordide comme de belles endormies qu’une caresse suffit à réveiller. Si les éléments n’ont d’autre réalité que sensible, le goût et le toucher peuvent amorcer des déflagrations et susciter des illuminations brèves.
Il y a aussi tant de façons de vivre – ou pas – tant de façons d’aimer – ou pas – en silence, en secret, tant de façons de fuir – ou pas – de mourir, d’espérer, de changer, qu’un beau jour, lorsque les yeux s’ouvrent par accident sur le monde inversé, les pieds pointant vers le ciel et la tête plantée dans la terre, on comprend qu’ultranova existe, finalement, sans lieu sans corps mais en tant qu’état, un peu tout ce que ça n’est pas.

Catherine De Poortere

 

 

 

Fabrice DU WELZ, «Calvaire» (Belgique/France/Luxembourg, 2004 – 94 min.)

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