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Pointculture_cms | critique

INVESTIGATE WITCH CULTS OF THE RADIO AGE

publié le

Présenté comme un mini-album partagé, mise en bouche à un véritable disque des Britanniques à paraître en 2010, Investigate Witch Cults Of The Radio Ages est un recueil de vignettes sonores qui a la saveur d’un mille-feuilles aux ingrédients aussi […]

 

 

 

 

 

Présenté comme un mini-album partagé, mise en bouche à un véritable disque des Britanniques à paraître en 2010, Investigate Witch Cults Of The Radio Ages est un recueil de vignettes sonores qui a la saveur d’un mille-feuilles aux ingrédients aussi surprenants qu’insoupçonnés. La cuisine du rêve ?

bcBasé à Birmingham jusqu’à leur récent déménagement dans la campagne du Berkshire (Sud de l’Angleterre), Broadcast est centré autour d’un duo (Trish Keenan, James Cargill) à la fois fondateur et rescapé. Un binôme qui signe, certes, l’entièreté des compositions – et le chant assuré par Trish – mais qui est aussi la part résiduelle d’un collectif à géométrie variable qui connaît depuis ses débuts en 1995, une désaffection constante de son personnel. Malgré le soutient bienveillant et indéfectible d’un label (Warp) pour lequel ils incarnent la première sortie du « tout à l’électronique » qui avait fait sa marque, et l’admiration de quelques gazettes musicales influentes, les Anglais de Broadcast n’ont pourtant recueilli jusqu’ici qu’une indifférence à peine polie. Comme une inexplicable poisse ramenée à leur insu de leurs premières expéditions en territoire imaginaire sixties élargi, et qui ne cesse depuis de s’acharner sur un groupe pour lequel le commode artifice journalistique « compositeur de bandes originales de films jamais tournés » ne relève pas d’un réflexe pavlovien de paresse intellectuelle.

On trouve pourtant sur leurs quatre disques (en y incluant le dernier et auxquels il faut ajouter une poignée d’EP et deux compilations d’inédits) des chansons au doux profil radiophonique; descendues sur la pointe pieds des hautes marches d’un âge d’or de la musique pop (les années 60), mais néanmoins insensibles aux poussières de nostalgie parce que bâties avec des matériaux analogiques et digitaux d’aujourd’hui; et étrangement dotées d’une voilure rétro-futuriste qui cristallise dans son sillage un zeste de l’inconscient collectif, versus fantas(ma)tique et cinématographique d’une ère évolue. Trish chante ou récite (elle est pile entre les deux manières de faire!) ses comptines comme une Alice (du pays des merveilles) presque adulte, passée tant bien que mal entre les mailles d’une très contraignante éducation anglaise, ou à la façon d’une princesse de l’espace envoyant des messages de détresse via des ondes radios intersidérales. James et ses acolytes de passage, de leur côté, croisent instrumentation usuelle (guitares/basse…) moins courante (Mellotron, Theremin…) à des nappes analogiques et synthétiques, et passent le tout au tamis électronique qui, par la force des chose, devient de plus en plus prégnant à mesure des albums. Certes, Broadcast n’a jamais nourri d’autres ambitions que d’écrire de « perfect pop songs », mais en se ré-imprégnant d’une part de l’esprit d’une décennie chambardée où l’optimisme un peu béat de ceux qui voulaient infléchir et accélérer la course du monde allaient de pair avec une consommation effrénée des expériences (drogues) et nouvelles opportunités (essor technologique, conquête spatiale) offertes pour la première fois en nombre illimité. D’où ces sensations proustiennes de réminiscence embuée qu’exhalent des chansons qui travaillent à la fois le ressenti intérieur (leur versant psychédélique), l’imaginaire au sens large (mais surtout filmique) et les folles aspirations (la touche avant-gardiste gentiment désuète) d’une période par trop mythifiée, mais avec la distance requise – textes contemporains à l’appui. De vraies petites Madeleines pop à remuer des pans entiers de souvenirs à demi enfouis ou encore à décoder.

fgRompant avec 4 longues années de silence sans que jamais des rumeurs de dissolution n’aient agité la toile, les Anglais reviennent avec un projet particulier (Investigate Witch Cults Of The Radio Ages) annonciateur d’une prochaine plaque normalisée à paraître en 2010. C’est qu’entre Tender Buttons (2005) et le petit dernier, Broadcast n’a cessé de tourner et d’enregistrer, s’octroyant le loisir de collaborations les maintenant à distance de la routine et autorisant des rapprochements inédits. Fondateur du label Ghost Box, The Focus Group est le projet musical de Julian House, un homme bien occupé qui a déjà en charge de la dimension graphique du duo. Enregistré aux forceps – un week-end tout au plus – dans une église, ce disque condense des heures de matières brutes samplées en un patchwork séquentiel d’une cinquantaine de minutes et 23 titres. Parmi celles-ci, une seule et courte chanson (« I See, So I See So ») mais qui a à elle seule la force persuasive d’un enchantement, et des vignettes sonores qui cousent Field recordings terrestres ou provenant de dimensions parallèles, extraits d'obscurs écoutes secrètes et chutes de bandes originales jamais exploitées, à des travaux sonores élaborés au sein d’un laboratoire caché de la BBC à des fins exclusives d’émission à destination des étoiles. Les paysages défilent en ne suivant que les règles de l’imagination: un folk digital des champs succède à des manipulations électro-acoustiques citadines que balayent à son tour un murmure de cordes lointaines avant que l’écho d’une pop à la voix de fée ne nous ramène temporairement en zone amie. Les sens à la renverse, mais, tenaillés par l’envie immédiate d’y replonger !

YH

 

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