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Pointculture_cms | critique

CATHODE FLOWER

publié le

Paru en 1999, Cathode Flower est une des expéditions numériques aux confins de l’ambient et d’une électronique microscopique les plus réussies de son prolifique auteur : Kim Cascone.

Né en 1956 dans le Michigan, Kim Cascone peut à juste titre revendiquer pour lui-même, le titre un rien ronflant de compositeur électronique. L’Américain a en effet très sérieusement étudié la question pendant des années au Berklee College of Music de Boston où il se familiarise au travail de John Cage, ainsi qu’au RCA Institute de New York. Cursus qu’il complète d’une formation d’ingénieur électronicien à l’Institute of Audio Research dans cette même ville. Il travaille quelque temps pour l’industrie avant de rejoindre la Californie au milieu des années 1980. On le remarque dans l’entourage de David Lynch en tant que collaborateur musical au moment où celui-ci tourne la série Twin Peaks, et Wild at Heart. Il fonde également le label Silent (Hafler Trio, David Kristian) dans les années 1980 puis Anechoic, destiné à ses propres travaux durant la décennie suivante. Depuis, Cascone aura, entre autres choses, participé à la mise sur pied de Microsound, un lieu d’échanges et de discussion virtuels à propos des musiques électroniques tendances ambient et glitch, écrit bon nombre d’articles pour un large panel de revues, y compris dans le domaine universitaire, travaillé comme ingénieur du son pour quelques sociétés dont une fondée par Thomas Dolby (Headspace), mais aussi pour Staccato Systems, un spin-off de l’université de Stanford. Enfin, il a contribué à la mise sur pied d’un festival itinérant dévolu à l’art sonore du nom d’Hydrophonia.
À côté de cela, le prolifique Américain a publié une quarantaine de disques sous sa propre enseigne ou, comme il est d’usage dans la musique électronique, sous quelques pseudonymes tels que PGR, Spice Barons, Heavenly Music Corporation ou encore KGB Trio.
Cathode Flower, paru en 1999, se place à la suite de Blue Cube, sorti l’année précédente et qui se voulait la transcription sonore d’un monolithe en plastique de couleur bleu électrique. Un objet qui renvoie immanquablement à 2001, A Space Odyssey de Stanley Kubrick (1968). Divisé en cinq chapitres d’inégales longueurs, cet album s’apparente à une mini-odyssée aux confins de l’ambient et d’une électro microscopique voire moléculaire, charriant dans son sillage un profond sentiment de claustrophobie et d’anxiété. Dans cette trame complexe aux frontières de l’audible mais au maillage souterrain insoupçonné, chaque événement sonore semble l’émanation directe d’un silence matriciel chargé d’une angoisse sourde. Dès l’entame, « Cathode Flower », l’effet caisson d’isolation se fait sentir avec ses nappes synthétiques à la fois fuyantes et enveloppantes que seuls quelques glitchs parasites et pâles signaux sonores viennent quelque peu tempérer alors que résonne au loin l’écho régulier d’une onde gravitationnelle. « Vortex Shedding (simplex) » poursuit l’exploration de ces terres numériques austères mais au sein d’un horizon qui se dresse tel un rhizome parcouru de signaux d’interférence réguliers aux interconnections multiples. Le périple prend ensuite une tournure presque liquide avec ce « nb2e_Vortex », dernier chant du cygne de quelques machines à court d’énergie à bord un bathyscaphe échoué sur un fond marin environné d’une faune abyssale des plus étranges et bigarrées. Traversé de circonvolutions de type sonar, « Rotational Beacon » adopte un profil serpentin qui louvoie entre un silence inquiet et assourdissant et une micro-électronique grésillante et fantomatique. In extremis, à l’aide d’un zeste de perturbations bruitistes, Cascone insuffle un peu de mercure et d’électricité dans les nervures de « Null Drift ». Un ultime court-circuit sous contrôle que cet électronicien maniaque négocie avec la précision des technologies d’aujourd’hui : à un nanoson près !

Yannick Hustache

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