POLE
Quand on réécoute aujourd’hui 1 et les deux albums suivants de Pole (pseudonyme d’après le filtre Waldorf 4-Pole, tombé par terre et, du coup, dysfonctionnant qu’il utilise comme principal outil), on est frappé par leur richesse et leur variété, qui va bien au-delà de ce qu’on pourrait craindre d’une musique à concept ou à une seule bonne idée. On en est bien loin. L’origine des sons utilisés relie les morceaux entre eux, comme par des racines communes, mais au-dessus de la surface du sol, la manière dont ils ont poussé, fleuri et souvent porté des fruits est généreuse et somptueuse. Certaines plages sont calmes, presque ambient (« Berlin », « Paula »), jouant la carte d’une certaine stagnation, d’une fausse monotonie et d’une narration en pointillés. D’autres par contre (« Kirschenessen », « Fremd »), sont des hits imparables, des invitations à des danses sensuelles et chaloupées, des hymnes lyriques instrumentaux qu’on se surprend pourtant presque à chantonner. Une qualité mélodique qui nous donne envie d’utiliser pour une fois un autre qualificatif musical en trois lettres, beaucoup moins utilisé que dub pour évoquer cette musique : pop.
Philippe Delvosalle