3 SUITS & A VIOLIN
Christian Weber, contrebasse; Han Koch, Clarinette basse, saxophones, electronics; Michael Moser, violoncelle; Martin Siewert, guitare lap steel, electronics; Christian Wolfarth, batterie.
Des plans séquences lents, de tensions qui se renforcent, se neutralisent, montent en puissance ou disparaissent. L’organisation semble aléatoire, mais il ne faut pas s’y méfier, il y a une ligne de conduite qui résulte d’une longue pratique et consiste en une perspective que ces musiciens donnent à leur collaboration. À l’intérieur d’un morceau, écouter comment les uns et les autres s’accrochent, collaborant, se rejettent, comment les sons s’agrégent ou se désagrègent. J’aime beaucoup l’exercice d’écoute en éveil que propose ce type de musique.
Plus globalement, on pourrait l’aborder avec ces mots de Georges Didi-Huberman dans le catalogue de l’exposition consacrée à Beckett : « …l’art de Beckett s’attache à ouvrir, à « creuser des trous » à la surface du langage, pour que paraisse enfin « ce qui est tapi derrière », donc pour que les mots s’écartent rythmiquement d’eux-mêmes et que le langage devienne poésie. Mais ouvrir, ce n’est pas creuser un seul trou qui irait directement au centre des choses. Il n’y a pas un centre des choses puisque les racines elles-mêmes sont multiples et arborescentes, sans parler des rhizomes, bien sûr. Donc, il nous faut creuser partout, faire proliférer les trous et, avec eux, les connections, hiatus ou raccordements. »
(PH)