Compte Search Menu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’améliorer le contenu de notre site, la réalisation de statistiques de visites, le choix de vos préférences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus

Accepter
Pointculture_cms | critique

NIGHT FLIGHTS

publié le

-

Rééditer une musique expérimentale, vingt ans après sa création, est souvent le meilleur moyen de l’enterrer. Soit en la canonisant, soit en révélant ses faiblesses. La première manière équivaut à une privation quasi totale de substance, à une petite mort. La deuxième fait partie du jeu de la musique expérimentale. L’œuvre est toujours en chemin, le principe du « work in progress » procédant par écrasement, par remplacement progressif de tout ce qui a précédé les derniers développement du travail. C’est pourquoi voir ressortir un album de Christina Kubisch datant de 1987 avait quelque chose d’un peu inquiétant. Mais, malgré le raffinement qu’a mis la musicienne à élaborer et perfectionner son travail, de ses premières œuvres jusqu’aux magnifiques installations sonores qui l’occupent à présent, le présent disque garde toute sa pertinence. Peut-être est-ce le tournant qu’elle a donné à sa carrière, et qui l’a confirmée comme l’un des artistes les plus importants dans le domaine de l’installation sonore, qui fait que ces trois œuvres, écrite pour des situations concertantes, ne souffrent pas de la comparaison. Composées à Milan entre 1983 et 1986, ces pièces correspondent à une époque où Kubisch travaillait à Milan au sein d’un  réseau de musiciens expérimentaux comme Davide Mosconi, Rafaelle Serra ou Ricardo Sinigaglia. Férus de musique d’avant-garde, de musique électronique et d’instruments exotiques, ils mettaient au point une musique sans trop d’équivalence à cette époque. C’est, raconte Christina Kubisch, sur ces bases que s’est ensuite élaboré son approche du Sound-Art. Si des constructions comme celles de la troisième plage, Circle III, avec ses couches de flûte passées au delay, ont été entre temps rattrapées, assimilées, et banalisées, par la musique ambient voire par la musique New Age, les deux autres plages, elle, conservent une fraîcheur et une pertinence malgré les années. Rejetant la virtuosité du classicisme pour traiter le son de manière neuve, par des recherches inspirées et de savants bricolages, Christina Kubisch était en déjà, alors, en train d’établir les bases de son œuvre future.

Benoit Deuxant

 

Chroniques en vrac Juin 2008

 

Classé dans