À Creil, dans l'Oise, la violence urbaine est moyenne, banale, quotidienne…
Loin de nous montrer ses conséquences aux travers des habituelles images-chocs, cette collection de quatre documentaires tente plutôt de décortiquer patiemment l'ensemble des mécanismes qui rendent un être violent, une situation violente.
Partant de l'idée que la violence prend sa source dans la petite enfance, au cœur des familles, la collection suit le parcours d'enfants, d'adolescents et de ceux qui s'en occupent, pour chercher à comprendre comment naissent et se développent les comportements violents. Elle évoque ainsi l'autre violence, invisible, celle dont on ne parle pas ou si peu : la violence psychologique. Chaque film met en lumière l'une de ses formes, celle qui existe entre les parents et les enfants, entre les garçons et les filles, au sein des couples et dans les cités.
Réalisée en deux ans après six mois d'enquête, la collection suit quatre affaires avec une approche à la fois claire et rigoureuse. Chaque film s'amorce sur le témoignage percutant de la victime ou de l'agresseur et se poursuit par celui de l'entourage. Tous livrent leurs vécus avec pudeur et angoisse. Des spécialistes cernent ensuite la problématique, en démontent les rouages et en dévoilent les ramifications. Leurs propos sont soutenus par des commentaires en voix off, dont on peut regretter le ton un peu trop dramatique.
En plongeant au cœur de ces histoires, on saisit de façon inquiétante la progression de la violence, l'évolution du comportement de la victime et des techniques utilisées par l'oppresseur. Leur banalité tragique parle d'universel. La violence psychologique ne laisse souvent pas de traces visibles, mais les blessures qu'elle cause sont bien réelles. Elle atteint l'image de soi, avilit les relations humaines et devient dévastatrice lorsqu'elle s'érige en mode de vie ou en système comme dans la cité-dortoir de Creil où se condensent toutes les problématiques. Son agglomération est exemplative de ce qui se passe aujourd'hui, avec des personnes qui souffrent d'inactivité, de précarité, de solitude et d'abandon dans une société de plus en plus déstructurée où ils ne trouvent pas leur place.
Sans juger et bien loin de vouloir nourrir les discours sécuritaires, la collection prend le temps de filmer ces situations quotidiennes proches de chez nous pour arriver à modifier notre regard. À travers ces récits émouvants, dans lesquels victimes et prédateurs expriment leur envie d'en sortir, s'ouvrent des pistes de réflexion pour tenter d'arrêter la spirale de la violence ordinaire et accélérer un processus social de reconstruction, qui arrivera tôt ou tard...

Les 2 DVD comprennent les 4 films suivants :

- Enfants en déroute

- Le business des chéquiers volés

- Au tribunal pour enfants

- Les mauvais garçons

En complément : Extraits de l'émission de plateau de France 2 « Mots croisés » avec pour sujet : « Violences ordinaires : Comment lutter ? »

(Catherine Mathy, dép. Fiction Documentaire)

Six mois d'enquête, deux ans de tournage, quatre films réalisés dans l'Oise (France). Le bassin creillois, où tous les indicateurs de la violence clignotent: violence urbaine, sexuelle, conjugale, sociale, délinquances et violences faites aux enfants. Victimes et prédateurs. Parfois les deux. Et l'envie d'en sortir, de reconstruire ces vies décousues. De la cité-jardin, devenue cité de non-droit, au Tribunal pour enfants, du couple qui se déchire au business des chéquiers volés, les histoires racontées dans ces quatre documents ne justifient ni le discours sécuritaire, ni l'angélisme de ceux qui ne vivraient pas là. D'où viennent ces violences ordinaires ? Comment arrêter la spirale enclenchée ? Un document édifiant.

(diffusé sur FR2)