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Pointculture_cms | critique

CONFIELD

publié le

Le sixième album du duo britannique n’est pas d’un accès aisé.

Tout commence pourtant plutôt posément avec « VI Scose Poise » et sa rachitique mélodie ambient couplée à une structure rythmique bancale, créant un étrange sentiment d’arythmie.
Cette instabilité volontaire est présente tout au long du disque dans le traitement réservé aux percussions électroniques. Celles-ci sont répétitives, souvent chaotiques et l’on sent les mélodies tenter de s’extraire de ce chaos, parfois avec succès (« Eidetic Casein », par exemple), d’autres fois plus difficilement (« Lentic Catachresis », clôturant magistralement l’album sous un déluge rythmique accélérant progressivement et submergeant les dernières bribes de mélodies). Même si les éléments rythmiques complexes ont toujours été primordiaux pour le groupe, ils sont ici particulièrement mis en avant.
Daté de 2001, ce disque constitue un changement dans la méthode de travail des deux musiciens, car une grande partie de leurs titres va se baser sur des processus de composition informatiques et reposer sur des principes aléatoires. La chaleur que l’on pouvait encore trouver sur des enregistrements antérieurs grâce à l’utilisation de boîtes à rythmes et de synthétiseurs analogiques est alors remplacée par une froideur toute numérique.
La plupart des sons, découpés en une myriade de micro-segments, sont réassemblés ensuite par des logiciels de compositions (notamment Max/MSP, un programme conçu à l’origine par l’Ircam et aujourd’hui développé par la société Cycling ’74).
Fourmillant de détails, les sonorités synthétiques s’entrechoquent, s’affolent, et semblent se heurter aux rythmiques brisées. Précédemment plus fluides, les sons sont devenus plus rêches tandis que les machines bastonnent, martèlent et cliquètent, comme livrées à elles-mêmes.
Le principal reproche adressé à l’époque à nos deux laborantins est d’ailleurs qu’ils ne sont pas maîtres de leurs machines, qu’ils laissent visiblement tourner librement, sans brides, rendant les morceaux exagérément hermétiques. Cette prééminence des beats sur les mélodies continuera jusqu’en 2002 – notamment avec le EP Gantz Graf –, ensuite le groupe sera un peu plus accessible.
Diversement accueilli par les critiques et le public, cet album divise les partisans de l’Autechre plus mélodieux des débuts et ceux attirés par ces œuvres plus complexes et abstraites.

Pierre Baps

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