CONTINENTAL, UN FILM SANS FUSIL
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Premier film du cinéaste québécois Stéphane Lafleur, "Continental un film sans fusil" est avant tout l'histoire de quatre solitudes que le réalisateur met en scène de façon très audacieuse et personnelle. Minimaliste dans son approche, il ne choisit en effet pas la facilité : plans fixes, peu de musique mais un habillage sonore très travaillé et des cadrages qui cernent au mieux la détresse de ses personnages. Comme le suggère la pointe de cynisme qu'évoque le "sans fusil" du titre, point question ici de rythme endiablé, action trépidante ou autre effusion de sang. Tout relève de l'ordinaire souvent morne, banal des protagonistes. La simplicité apparente de la mise en scène révèle pourtant un soucis permanent du détail. Ainsi afin d'accentuer la sensation de solitude, les personnages sont constamment isolés dans le cadre dont la composition se veut elle aussi très aboutie. Cette volonté d'unité formelle se retrouve également dans le travail fourni autour de l'ambiance sonore : les silences omniprésents sont régulièrement chahutés par de petits accidents, de petits sons parasites qui amplifient l'inconfort de la solitude. Malgré cela, "Contiental" n'est en rien un film dépressif ou paresseux. Un humour très noir, proche de celui d'un Kaurismaki s'invite régulièrement dans les séquences et apporte dans son sillage légèreté, dynamisme ainsi qu'une bonne dose d'absurde fort à-propos.