Cuba, musiques et sentiments
Partiellement biographique, Chico & Rita s’inspire de la vie du musicien cubain Bebo Valdés (qui double par ailleurs le personnage de Chico) pour nous plonger dans un univers musical latino mâtiné de jazz. Construit comme un long flashback, le film nous fait visiter La Havane et New York, en passant par Paris de la fin des années 1940, à la prise du pouvoir par Fidel Castro. Pour rendre au mieux les ambiances d’alors, les scénaristes ont effectué un important travail de documentation, rendant à chaque ville son atmosphère bien spécifique grâce aux choix des couleurs et à la représentation architecturale propre à chacune. Ainsi La Havane se dévoile sous des couleurs chaudes et variées, favorisant l’horizontalité de ses bâtisses alors que Big Apple se découvre dans un climat nocturne et monochrome d’où émergent ses gratte-ciels tout en verticalité.
Si cette histoire très personnelle ne peut masquer une approche également historico-socio-politique, il faut surtout y voir un magnifique hommage à la musique. Et même si les personnages principaux sont fictifs, nous avons la chance de profiter des apparitions animées de grands noms de la musique de l’époque tels que Charlie Parker, le percussionniste Chano Pozzo ou encore Nat King Cole.
C’est durant cette période charnière, à la fois politique (le renversement de Batista par Castro) et musicale (le métissage des musiques jazz et cubaines), que Fernando Trueba décide de situer cette histoire d’amour. Il en résulte une œuvre graphiquement très soignée et personnelle qui sonde une époque, son quotidien, ses musiques, en gardant suffisamment de distance par rapport à l’Histoire pour ne pas étouffer son sujet principal : Chico & Rita.