C’est l’histoire vraie du boxeur thaï Parinya « Nong Toom » Charoenphol qui doit se battre pour devenir femme. Générique glamour plein d’arabesques colorées comme une fête sans fin. Musique disco. À la sortie du spectacle, un journaliste suit la star pour l’interviewer. En chemin, trois hommes l’agressent. Un cyclone, en talons aiguilles et tenue de soirée, intervient fort à propos pour les mettre hors d’état de nuire. C’est elle! C’est lui ? C’est Le champion de Muay Thaï, « Nong Toom »… Elle lui raconte sa vie. Il était une fois un bel enfant qui détestait la violence et les combats de boxe, aimait cuisiner, vivre au féminin… Il voulait être comme elles, il voulait être « Elle ». Mais que faire quand on est homme et pauvre en Thaïlande ? Eh bien apprendre la boxe, gagner de l’argent pour s’offrir le sexe de son désir. Tout en suivant une formation exigeante, il gravit les échelons puis se présente maquillé et couvert de fleurs sur le ring où les lazzis, les coups de ses adversaires décuplent la force qui le fait vaincre. Un combat mémorable au stade Lumpini de Bangkok lui offre la consécration. La somme nécessaire à l’opération étant réunie, le papillon se transforme en libellule. Ayant peu à peu perdu sa force virile, il combat désormais en catégorie féminine dans des matches de démonstration ressemblant plus à des shows hollywoodiens qu’à des confrontations sérieuses. Son combat kitch au Tokyo Dome contre la catcheuse nippone Kioko Inoue* est un point d’orgue du film ! L’« Iron Lady » « Nong Toom » n’en demeure pas moins une figure populaire dans son pays et en Asie où elle travaille comme mannequin, productrice de spectacles et actrice de cinéma. Reste la nostalgie d’une époque de prodiges, accomplis pour faire accepter sa différence de bel animal, hybride proche de l’elfe des légendes, fantasme accepté d’un futur proche, esthétique de vie en gestation. On pense au mythe de la Belle et la Bête** revisité de contemporaine façon. Beautiful Boxer est un film stylé, doux et âpre à la fois, discret sur les préférences sexuelles du héros(ine). Les combats très violents, chorégraphiés avec fluidité, ne constituent pas le sujet du film (ce n’est pas un jeu de baston !), mais un moyen de développer le destin d’un être en prise avec son moi intime. Le jeune réalisateur maîtrise avec bonheur une mise en scène évolutive, passant du contexte agressif des combats au quotidien, à la brillante mise en images de la vie sociale et culturelle du petit peuple. Le jeune Asanee Suwan, ici dans son premier rôle important, interprète le personnage principal avec grâce, force et conviction.
Beautiful Boxer est lauréat de prix récoltés partout dans le monde.

* Vraie catcheuse professionnelle. Son combat contre Manami Toyota fut sacré meilleur combat de l’année 1995 !

** Version Jean Cocteau : VB1455 (VHS) et VB1461 (DVD)

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