PAUL S'EN VA
Il s'agit, d'après Tanner, de son ultime film, fatigué qu’il est des difficultés à financer ses films comme à les montrer. Le concept du film est singulier: un travail collectif entre dix-sept étudiants en art dramatique et le réalisateur suisse - qui se projette dans le film à travers le prof de philo disparu, Paul, alter ego de Tanner. Des réflexions mordantes, cyniques, citoyennes, sur la société actuelle (la société de surconsommation et toutes ses conséquences, environnementales, politiques; la politique extérieure des États-Unis adaptée à la sauce Ubu(sh!) roi de Jarry...).
C’est aussi un bel hommage au texte, à la littérature, aux écrivains enragés, illustré par les scènes qui découpent le film jour après jour dans lesquelles les étudiants déclament du Pasolini, Peter Handke, Antonin Artaud, pour terminer par Rimbaud... Chaque scène est adaptée au texte, l'accompagnant (en évitant ainsi un côté scolaire), avec des moments subtils de poésie, de respiration. Proximité avec les éléments. Mise en scène précise, rythmée par l'énergie, la spontanéité des comédiens, un beau mélange d'écrit et d'espace de liberté pour les acteurs, d'improvisation. Pas de stars, aucun acteur mis en avant par rapport aux autres.
JH