NOI ALBINOI
Un village reculé au nord de l'Islande. Nói a 17 ans. Perdu dans
cet univers monochrome et terne, il ne rêve que de liberté et d'espace.
Élève peu convaincu, il sera renvoyé de l'école
et connaîtra divers petits boulots aussi ennuyeux que variés. Incompris
et vagabond, il ne trouve son bonheur qu'au travers de ses lunettes diapositives
d'Hawaï et dans les yeux d'Iris, l'employée de la station-service.
Servi par des décors aussi épurés qu'oppressants, ce film
nous plonge dans le monde d'un adolescent en proie au non-sens de son existence.
Coincé entre l'incompréhension du monde qui l'entoure et les glaciers
enneigés, il n'aura de cesse de se libérer du quotidien insipide
et incolore, autant que conformiste, qui le poursuit. À la fois drôle,
tendre et empreint d'un réalisme/fatalisme clairement affiché,
Nói Albinói n'en reste pas moins une œuvre profondément
optimiste. L'humour à froid de Nói et son insolence agissent comme
un parfait contrepoids au contenu plus grave et dramatique du film. Le spectateur
se voit tiraillé entre sourires et larmes, légèreté
et sérieux. La musique est double, elle aussi. Sobre et savamment distillée,
elle a pour unique but de marquer le passage de la rêverie à la
réalité, du désarroi au calme : une nappe de piano
pour induire l'âme à la tristesse, au désespoir. Un silence.
Un accord de guitare amène avec lui l'espoir salvateur qui rend tout
possible. Un silence… Et des ruines, la vie renaît pour voir les
rêves s'animer et éclairer le présent.
(Michaël Avenia, Liège)