GRIN N SYÈL
Danyel Waro est un sacré personnage. Réunionnais jusqu’au bout des ongles, il s’est battu et se bat toujours pour son pays, sa langue, son patrimoine. Militant, il n’a jamais mâché ses mots. Ses convictions lui ont d’ailleurs valu la prison : il y est resté deux ans pour avoir refusé de servir le drapeau français. Des années plus tard, la verve est intacte, l’engagement n’a cédé en rien. Et il les exprime au moyen d’un style musical interdit à l’époque par les colonialistes et qu’il a contribué à faire renaître dans les années 70 : le maloya. Musique d’esclaves dont les racines sont ancrées dans le continent africain, le maloya se joue sur des percussions et se chante.
Le maloya fait la part belle aux paroles et Danyel Waro ne manque pas de choisir ses mots avec une précision chirurgicale et une finesse impeccable. Le tout en créole bien sûr.
Cette langue a un petit quelque chose que j’adore : les sonorités, les accents, certains mots sont parfois si proches de la langue française que l’on a en permanence le sentiment d’être sur le point de comprendre.
Ce dernier album est dans la lignée de ses autres productions : les convictions n’ont pas molli d’un iota, l’intensité émotionnelle est palpable dans le chant superbement mis en évidence grâce à la simplicité de l’accompagnement instrumental. Mais c’est surtout dans les parties a cappella que le flot des émotions est le plus fort. La dernière plage de l’album, où il décrit la beauté de son île et son attachement à celle-ci, est particulièrement touchante.
Isabelle Delaby