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Pointculture_cms | critique

DEBUT

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Debut, en 1993, est le premier opus de Björk en « solo », après la séparation des Sugarcubes. À partir de là, chaque album sera pour elle une occasion de se plonger dans une nouvelle aventure d’expérimentations sonores et visuelles, une […]

La chanteuse et musicienne islandaise Björk Guðmundsdóttir a fait partie de différents groupes et projets musicaux, dont les Sugarcubes, avec lesquels elle a sorti trois albums (plus un de remixes), vite reconnus par un public international. En 1992, après la dissolution du groupe, elle s’installe à Londres pour y enregistrer son premier album solo Debut. Elle travaille en collaboration avec Nellee Hooper, producteur de Blue Lines, le premier album de Massive Attack. Ils écriront ensemble cinq des onze morceaux du disque. Mais, possédant un caractère d’acier ainsi que le savoir et l’expérience acquis en enregistrant son premier disque à l’âge de onze ans puis en étudiant dans une école de musique, la musicienne parvient à imposer sa façon de faire aux arrangeurs Oliver Lake (cuivres) et Sureh Sathe (cordes) ainsi qu’à Derek Birkett, le patron du label One Little Indian.
« Human Behaviour » est la première chanson issue de la rencontre avec Hooper. Son intro et son thème principal sont basés sur un sample (échantillon) de « Go Down Dying », un titre composé en 1969 par Antonio Carlos Jobim pour le film The Adventurers et interprété par le Ray Brown Orchestra. Comme son titre l’indique, la chanson parle de la relation entre l’homme et l’animal, mais en inversant la perspective habituelle : elle aborde la nature humaine du point de vue de l’animal (If you ever get close to a human / And human behaviour / Be ready to get confused / There’s definitely no logic / To human behaviour / But yet so irresistible / There’s no map / To human behaviour / They’re terribly moody / Then all of a sudden turn happy / But, oh, to get involved in the exchange / Of human emotions is ever so satisfying / There’s no map / And a compass / Wouldn’t help at all. » Pour le clip vidéo, tout en nuit et forêt de studio, qui évoque ces paroles en jouant sur les inversions de taille entre la chanteuse, un ours en peluche géant, un hérisson et un papillon de nuit, Björk contacte Michel Gondry dont elle a vu un des clips réalisés pour son propre groupe, Oui Oui, à la télévision. Ce sera le début d’une longue et fructueuse collaboration (huit courts métrages promotionnels à ce jour).
Pour l’album, en choisissant le titre de Debut, Björk veut exprimer l’idée de nouveauté, dans sa vie et dans sa musique. Certaines des chansons avaient été écrites durant son adolescence, mais n’avaient pas été enregistrées parce qu’elles ne correspondaient pas aux genres de musiques joués par ses groupes d’alors (« I was in punk bands and the songs weren’t punk »).
C’est un album pop franchement orienté vers la piste de danse. « Human Behaviour », « Violently Happy » et « Big Time Sensuality » sont construits sur une dynamique house : l’accent a été mis sur ces aspects pop et dansants, avec des synthés, des samplers et d’autres instruments électroniques mis en avant. Mais certains titres ont, par contre, une orchestration moins formatée, moins stéréotypée. Des chansons totalement romantiques comme « The Anchor Song », « Aeroplane » ou « Like Someone In Love » font appel à la harpe ou à un orchestre de cuivres et Björk conserve aussi un certain sens critique concernant le clubbing. Dans le titre « There’s More to Life Than This » elle demande à ses amies de quitter une fête qui perd de son sel pour aller goûter d’autres joies du petit matin : « There’s more to life than this / It’s still early morning / See the sun come up / To get the first bread of the morning / There’s more to life than this. » En arrière-plan sonore on entend les échos d’une soirée endiablée captés en field recording depuis l’arrière salle ou les toilettes d’un milk-bar.
L’album sort en juillet 1993. Il est immédiatement bombardé « album de l’année » par le New Musical Express – même s’il convainc souvent moins de l’autre côté de l’Atlantique (seulement 2 étoiles sur 5 dans le magazine Rolling Stone). Cinq titres sur les onze que comporte l’album sortent en single, et chacun sera confié aux meilleurs remixeurs du moment (Underworld, Sabres of Paradise, Fluke, etc. ).
En conclusion, il y a presque vingt ans déjà, Debut fut le premier épisode d’une série d’aventures sonores et artistiques intelligemment orchestrées par une Björk sachant toujours très bien choisir ses complices du moment.

Brigitte Molenkamp

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