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Pointculture_cms | critique

TERRA INCOGNITA

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Bien plus que de la musique métissée, Dézoriental défie

Bien plus que de la musique métissée, Dézoriental défie les styles établis, voyage en Terra incognita avec aisance et voluptés. Leur Saint-Étienne de cour est loin d'être leur nombril du monde. Un premier album éponyme annonçait déjà cette nécessité d'investir des territoires colorés d'influences multiples, d'intégrer le musette de l'hexagone à la lancinante musique berbère, d'entrelacer le rock de la ZUP à la liberté du jazz. Ici, ils apportent, comme à l'auberge espagnole, leurs ressentis, leurs origines, leurs engagements à réinventer un paysage « espéranto ». L'accordéon (joué par Jean-Luc Frappa), l'oud (d'Alaoua Idir), le tuba (de Frédéric Delluc), les guitares et l'harmonium s'épousent et ouvrent le bal à la noce de l'Orient et l'Occident. Une pop arabique chatoyante, enrubannée de rythmes gnawas, de youyous, de gouaille électro (pour la reprise de Vesoul de Brel) ou un rappel hypnotique au chant de Nusrat Fateh Ali Khan, se met allègrement au service de textes renouant avec un certain humour contestataire. (Sur le méridien de New York / On règle nos idées... La musique est un bordel / Une multinationale... / Nous sommes tous Américains... Pas moi !). Cette voix... (Abdel Waeb Sefsaf) nasillarde, au souffle dense, à l'énergie pure, coule, se fait chantre de la cause des femmes. Qu'elles soient d'ici, d'ailleurs, connues ou pas, de Kaboul, d'Afrique, de l'Est ou d'Inde. De celles qui persistent à garder la tête haute face à la barbarie. Terra incognita : ode à la Femme, ode à la poésie, odes héroïques déchirant les voiles pour qu'enfin ils ne soient plus que fines batistes tramées en lin solide battant au vent d'une espérance d'humanité escomptée. Moments suspendus, tendus vers une vision ouverte en terres inconnues. Explorant la féminité du monde, caressant son ventre, gouttant à la chaleur de ses entrailles, ensemençant cette matrice afin que germe le « meilleur ». Se désorienter, s'autoriser l'errance sous contrôle, non celui qui enclôt mais bien celui qui investit le goûteux de l'espace vierge. Et... Songe à la douceur d'aller vivre là-bas / Vivre ensemble ! Aimer à loisir / Aimer et mourir au pays qui te ressemble !
(Brigitte Lebleu, Charleroi)

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