DIX-SEPT ANS
Jean-Benoît a dix-sept ans et débute un apprentissage de mécanicien
diéséliste. Entre le garage où il travaille, la relation
amoureuse avec Hélèna, les rapports conflictuels avec sa mère,
le film montre ses difficultés à apprendre et à sortir
d'une enfance marquée par la disparition de son père.
Pendant deux ans, Didier Nion suit ce jeune paumé de la banlieue rouennaise
faisant de son apprentissage la métaphore de sa reconstruction. Une aventure
qui n'est pas sans vicissitudes. Jean-Benoît esquive le travail, la caméra,
refuse d'aborder son lourd passé. Le film parle du passage douloureux
de l'enfance à l'âge adulte, de la difficulté d'apprendre,
du besoin de trouver sa place au sein d'une communauté. Mais, au cœur
de la réalisation, il y a surtout une relation intime, complexe, entre
le cinéaste et le jeune homme. Didier Nion parvient à ce que Jean-Benoît,
en s'affrontant à sa vie, se cogne à la caméra. La force
du film réside dans cet affrontement entre l'adolescent qui cherche son
équilibre avec les forces du monde ainsi qu'entre le corps filmeur, qui
prend le risque de se poser en père de substitution, et le corps filmé.
Alors que le réalisateur tient fermement sa caméra-catalyseur,
il y a aussi la formidable présence d'Hélèna, l'amie de
Jean-Benoît, qui donne, au-delà du souffle amoureux, un élan
de vie à ce garçon qui révèle toute la difficulté
d'être au monde quand il manque l'essentiel : une maison affective.
À travers de belles images saisies avec sensibilité à distance
exacte, Dix-sept ans est l'histoire d'une émouvante rencontre,
d'une singulière aventure de cinéma qui peut changer une vie.
( Catherine Mathy, Dép. Fiction Documentaire )