DIG YOUR OWN HOLE
Tom Rowlands et Ed Simons se rencontrent sur les bancs de la faculté d’histoire de Manchester en 1989. Après avoir mixé dans les clubs locaux et sorti un EP sous le nom de The Dust Brothers, ils changent de nom pour la sortie de leur premier album Exit Planet Dust en 1995, succès à la fois critique et commercial qui leur permet d’entamer une tournée internationale et d’ouvrir notamment pour Daft Punk. Mais surtout, ce disque a contribué à ce qu’un public habituellement plus enclin à écouter du rock et de la pop indé s’intéresse à la musique électronique grâce aux collaborations (avec des musiciens et chanteurs rock) et à l’esprit de leurs morceaux.
Ils sont de retour en 1997 avec Dig Your Own Hole qui tout en restant dans la même veine que son prédécesseur (mélange de sonorités électroniques et de rock) confirme leur maîtrise et l’intelligence de leurs compositions. Alors qu’ à cette période des artistes comme Prodigy, Daft Punk ou Underworld sont déjà bien installés dans le paysage musical, le duo mancunien parvient à ressortir du lot et devient malgré lui un des porte-drapeau du big beat, style de musique électronique populaire principalement en Angleterre durant les années 1990, mêlant de grosses lignes de basse à des éléments hip-hop, drum’n’bass, rock et techno et au rythme « modéré » de 120 à 140 bpm (battements ou beats par minute).
Le disque s’ouvre avec « Block Rockin’ Beats », morceau à la basse omniprésente (volée chez les Britanniques post-punk de 23 Skiddo ?) et au breakbeat dévastateur. « Electrobank » est également construit autour d’une ligne de basse répétitive. Puis vient « Piku », morceau aux influences hip-hop, qui n’aurait pas dépareillé sur une compilation Mo’Wax ou Ninja Tune. Sur le dansant « Setting Sun », ils invitent Noel Gallagher à venir poser sa voix; avant d’entamer des pistes plus house comme « Don’t stop the rock » et le daftpunkien « It doesn’t Matter ».
Ils passent ensuite à un répertoire plus pop et psychédélique, sur le folktronica « Where Do I begin » pendant lequel la voix de Beth Orton nous envoûte, et sur le très orientalisant « The Private Psychedelic Reel ».
Les points communs de tous ces morceaux, sont l’importance de la basse, qui en constitue La colonne vertébrale, l’utilisation judicieuse et économe de samples et le mélange des genres.
Dig Your Own Hole est un disque sans compromis, qui tout en étant proche de Exit Planet Dust, réussit à être plus dansant, plus abouti, plus risqué et donc plus réussi. Il constitue véritablement un des meilleurs albums des « frères chimiques » (leur plus grand succès critique et public aussi) et un disque de référence en matière de musique électronique de cette fin de siècle.
Igor Karagozian