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Pointculture_cms | critique

LADY MACBETH DE MTSENSK

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Katerina s'ennuie. Simple objet sexuel dans une société dominée par les hommes, elle est exhibée dans une cage de verre au milieu de la scène, sujet de toutes les convoitises, de tous les désirs. Coincée

Katerina s'ennuie. Simple objet sexuel dans une société dominée par les hommes, elle est exhibée dans une cage de verre au milieu de la scène, sujet de toutes les convoitises, de tous les désirs. Coincée
entre la tyrannie de son beau-père brutal et lubrique et l'impuissance de son mari, elle ne trouve sa liberté que dans l'adultère, l'assassinat et la fuite. Histoire sulfureuse, musique sulfureuse et évidemment réprimande sévère de Staline après que ce dernier soit venu vérifier en personne les causes du tumulte provoqué par la création, en 1934, du second opéra de Chostakovitch. Longtemps écarté des scènes lyriques ou seulement présenté dans une version édulcorée, Lady Macbeth de Mzensk prend enfin sa revanche et s'installe parmi les opéras majeurs du XXe siècle. Filmée au Muziektheater d'Amsterdam, cette production du Nederlandse Opera avait fait sensation en juin 2006, surtout pour l'extraordinaire prestation de l'Orchestre du Concertgebouw placé sous la direction du chef russe Mariss Jansons. Pour avoir vu et entendu ce spectacle in loco à Amsterdam, je peux affirmer que c'était là un des plus beaux sons d'orchestre qu'il m'ait été donné d'entendre. Même la direction de Valery Gergiev avec la Philharmonie de Vienne entendue lors de la production du Festival de Salzbourg 2001 n'avait pas cette finesse, cette transparence, cette luminosité orchestrale proprement inouïe. Mais ce travail serait vain s'il ne venait pas soutenir une production scénique hors pair: réflexion sur les interactions entre sexualité et pouvoir, la mise en scène de Martin Kušej montre à nu la violence des désirs de vie, d'amour et de mort. Une des manies de mise en scène de Kušej est d'habiller (ou de déshabiller) ses chanteurs et ses figurants en sous-vêtements. Si le procédé est limite pour le Don Giovanni de Mozart (CM8676) ou parfaitement gratuit dans la fin de La Clemenza di Tito (CM8917), ici il est en phase avec une recherche d'images brutes pour illustrer les frustrations et les pulsions irréfléchies des personnages. Cette production fabuleuse par sa cohérence et par son jusqu'au-boutisme s'appuie sur une distribution tout aussi remarquable. Eva-Maria Westbroeck a l'ampleur, la maîtrise et la tessiture adéquate pour le rôle de Katerina. Christopher Ventris nuance comme personne le rôle de séducteur impulsif et rusé. Du grand art !
 

Benoît van Langenhove

 

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