HORIZON (L')
J'ai longtemps considéré que Dominique A. avait trompé
La fossette ! En réécoutant une fois l'intégrale de
ces CD, je me suis rendu compte qu'il n'en était rien ; en écoutant
attentivement dans chaque pli de la fossette, on entend l'horizon de toutes
ses autres grandes chansons… Et donc, son nouvel album lentement
m'imprègne et devient mon CD de chansons du moment. Du moment. Mais petit
à petit de toujours…
Des chansons face à l'horizon, il fallait y penser, il fallait le faire.
Des musiques, des textes qui cherchent à saisir un ou des destins, et
la mer n'est jamais loin pour brouiller ou éclairer les pistes. La mer
qui déroule la mélancolie, même celle qui envahit la cabine
d'un camion, les rêves d'un vieux casino, un fantôme dans la rue,
un quartier lointain, le ressac des portes et fenêtres claquées…
Les textes ont cette attente spécifique que l'on a quand on veille l'étendue
des flots, que l'on fixe la ligne où va se coucher le soleil, que l'on
tente de mesurer où le ciel et les vagues se séparent, un mélange
de désespérance et d'allégresse que l'on scrute. Les flots
salés ruissellent, cristallisent dans les vers toujours singuliers de
Dominique A. Elle est aussi omniprésente par le sang des baleines. Un
parfum de sacrifice, d'animal fantastique saigné… Des chansons
qui scrutent les méandres des cœurs, de l'esprit, de l'espérance
et la désespérance, et s'organisent en petites machines qui permettent
l'arrangement avec ces sentiments et ressentiments métaphysiques.
Les consensus entre audace et confort, conscience souffrante et épiphanies
oublieuses.
Des chansons vigiles. Pour prendre son quart. Qui bercent la vigilance.
Sans complaisance, portrait et autopsie du spleen moderne. Des vers qui s'attaquent
à la substance, une rare, très rare complexité des paroles
en chanson française, et puis avec la musique, le rythme, la voix, l'énergie,
cela devient chansons d'oubli…