SUR NOS FORCES MOTRICES
La reprise « Courage des oiseaux », guitares aux vents, riffs acérés qui vous lacèrent joyeusement le plumage sentimental, c’est absolument grisant et flippant à la fois. Ne pas réduire Dominique A. à ce titre.
Je ne vais pas m’étendre, une fois de plus, mais je considère que c’est le seul chanteur français (parmi les apparitions de ces dernières années) qui tienne la longueur, qui reste exigeant, qui ne se parodie pas après deux albums (cfr. Miossec). Il y a une véritable audace dans les textes, quelque chose est creusé, est poursuivi, est travaillé. Il y a un chantier des mots, des images. Et la musique travaille avec ces mots, elle cherche. Le live souligne la qualité d’interprète, d’acteur, il y a maîtrise impeccable des tensions, des énergies, des déflagrations, des chicanes émotionnelles. Et en même temps, ça reste excessivement populaire. Au plus près de ce qui a toujours constitué le corps et l’âme de la chansonnette populaire. Cette relation au pathos, à la tragédie des sentiments, la vibration de l’amour et son contraire, l’abandon au sentiment, le drame comprimé dans le futil. Tout ce qui dégouline dans les « pires » chansons sentimentales, se trouve ici, sans populisme, sans racolage, traité sans tabou mais aussi sans mépris, recyclé en forces motrices autonomes. [retour]