Donovan, troubadour écossais, poète fragile, chanteur délicat et tendrement déjanté, avait écrit cette chanson en 1968. Elle fait partie de son univers et de son répertoire type. Pourquoi le hurdy gurdy man, l’homme qui joue la vielle à roue ? Pourquoi cet instrument aux mains d’un chanteur qui arrive dans ce texte pour y amener l’amour,  un amour salvateur, lumière dans la pénombre. Un amour qui vient par la chanson, par le chanteur itinérant, celui qui passe simplement laissant plus qu’une impression: une trace, un souvenir, une image. Celle de ses chansons d’amour, celle, aussi d’un instrument hors normes, d’un homme hors du commun. (Dylan aurait écrit “ Mister Tambourine man ”, “ l’homme orchestre ” comme l’ont traduit Delanoë et Aufray. Le tambourine man de Dylan devait l’emmener au loin, dans un symbolisme fou, cher à l’Américain à l’époque. De la même manière, avec une autre poésie, le hurdy gurdy man de Donovan doit le ramener à des chants d’amour, loin de ses rêveries, vers une réalité, une vérité.
 Les deux font peut-être le voyage dans un sens différent. Dylan veut s’évader avec l’aide de l’homme orchestre, Donovan revient à la vie, à l’amour, avec l’aide de ce qui est aussi et pourrait sans doute être traduit par homme orchestre : un musicien itinérant, un homme venu dont ne sait où et repartant vers l’inconnu, laissant traîner derrière lui des flots de musiques indispensables.

La légende raconte qu’en entendant la chanson de Donovan, Georges Harrison lui aurait suggéré un couplet supplémentaire, non retenu par le chanteur au moment de l’enregistrement. Cependant cette légende est devenue réalité lorsque Donovan chanta Hurdy gurdy man en concert et expliqua la proposition faite par Harrison un soir en Inde. Et non content de raconter, il chanta le couplet supplémentaire: