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Pointculture_cms | critique

DRUKQS

publié le

Les diffusions régulières des vidéos de « Come to Daddy » en 1997 et de « Windowlicker » en 1999, toutes deux réalisées par Chris Cunningham, permirent de faire connaître à un plus large public à la fois l’univers visuel du vidéaste et la musique […]

La collaboration entre les deux hommes se poursuivra en 2001 avec Rubber Johnny, un court métrage du réalisateur. Ce film terrifiant évoque la vie en reclus d’un enfant mutant hyperactif – une créature difforme semblant sortie de l’imaginaire de David Lynch époque Eraserhead ou d’un film de David Cronenberg – et la composition l’illustrant s’intitule « Afx237 v.7 », un extrait de l’album Drukqs.
Sorti sous forme d’un double CD et d’un quadruple LP, cette œuvre monumentale de plus de cent minutes regroupe des enregistrements composés entre 1999 et 2001 de styles très diversifiés et bien distincts.
D’une part, le musicien nous propose son cocktail habituel de breakcore et de drum’n bass mâtiné de techno ou d’acid. Sur ces morceaux, les rythmiques syncopées, concassées et particulièrement rapides s’accompagnent de mélodies souvent agréables aux sonorités chaleureuses de claviers vintage.
Les progrès fulgurants de l’informatique musicale de l’époque lui permirent de rendre ses rythmes extrêmement complexes.
D’autre part et plus étonnamment, plusieurs courtes pièces pour piano émaillent ce disque. Certaines peuvent évoquer Erik Satie (« Strotha Tynhe » et son ambiance sereine) ou John Cage lorsque l’instrument est préparé. Les cordes du piano sont ainsi trafiquées pour faire ressortir leurs sonorités percussives ou pour évoquer un piano mécanique.
D’autres types de compositions parsèment aussi l’album, comme « Gwely Mernans », un titre lugubre reposant sur une pulsation rythmique dark ambient sur laquelle se pose un piano réverbéré, ou « Gwarek 2 », un morceau de musique concrète cauchemardesque plutôt inhabituel chez lui.
Enfin, une dimension plus légère et anecdotique est apportée par l’utilisation de samples humoristiques et par la présence de très courtes plages (parfois juste quelques voix ou sons), notamment « Lornaderek », un message laissé sur le répondeur de Richard D. James par ses parents pour lui souhaiter un bon anniversaire.
L’enchaînement entre les différentes atmosphères est très étonnant et l’on passe ainsi sans prévenir d’un titre calme au piano à un déchaînement breakcore.
Les avis divergent concernant ce disque, certains lui trouvant un manque de cohérence et d’inspiration. Pour d’autres, cette diversité témoigne de la totale liberté dont fait preuve un génie n’en faisant qu’à sa tête.

Pierre Baps

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