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Pointculture_cms | critique

ENDLESS SUMMER

publié le

À sa parution en 1997, Endless Summer est l’album qu’on n’attendait pas. Il amorce une nouvelle direction dans la musique expérimentale : la possibilité de plaire.

Tout en restant fidèle à sa palette de sons habituelle, glitch, hiss, clicks, etc., Fennesz réussissait à lui conférer une musicalité, une harmonie troublante, qui correspondait étrangement au propos de ce disque, un hommage à cet « état d’esprit » qu’est la Californie des Beach Boys. Intitulé en hommage à une anthologie du groupe datant de 1970, il ne s’agissait pourtant pas à proprement parler de reprise mais bien d’évocation, les Beach Boys n’y étant jamais vraiment cités musicalement, ni samplés, mais chaque harmonie de guitare, chaque bribe de mélodie qui effleurait sous la couche de débris sonores les suggérait inévitablement. L’allusion était dans le son lui-même, dans des progressions d’accords immanquablement wilsoniens, dans les sonorités d’une guitare, d’un orgue, qui transparaissait sous la surface électrostatique, derrière le souffle et les interférences. Selon une méthode extrêmement simple rétrospectivement, Fennesz parvenait à élaborer, par la répétition hypnotique de cellules musicales et bruitistes entrecroisées, une prodigieuse complexité. Mais c’est avant tout une certaine légèreté mélodique que l’on retenait inconsciemment et qui faisait qu’étrangement on pouvait fredonner un morceau de Fennesz, contrairement à la musique de tous ses collègues expérimentaux. Quand Oval déconstruisait la mélodie, en en préservant juste ce qu’il fallait pour qu’elle charme encore, Fennesz, lui, la construisait en sous-sol, par petites touches impressionnistes. Fennesz se laissera plus tard séduire par sa propre habileté mélodique, et en fera la part la plus importante, la plus frontale de sa musique, mais pour l’heure, sur Endless Summer, il avait trouvé l’équilibre parfait entre la séduction pop et la sévérité de l’avant-garde.

Benoit Deuxant

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